
Chronique d’une répression judiciaire annoncée
Jeudi 12 mai 2011, 08h00, je suis convoqué à la 8ème chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Lille. On me reproche des violences en réunion à l’encontre de deux militants du Front National de la Jeunesse du Nord, à savoir Kevin Sorret et Nicolas Reynes.
Petit retour en arrière…
Octobre 2010, le mouvement contre la réforme des retraites bat son plein ; à Lille 3 une Assemblée Générale d’étudiant-es rassemble un peu plus d’un millier de personnes et les débats vont bon train. Présent dans l’assistance, je suis les prises de parole qui se succèdent les unes aux autres, lorsque se présente face aux étudiants le responsable de la fédération du FNJ du Nord, Nicolas Reynes.
Une fois l’effet de surprise dissipé, quelques camarades et moi dénonçons publiquement le personnage, son appartenance politique et ses buts inavoués. Le ton monte, les échanges sont virulents, et à mon grand étonnement ce sont de jeunes syndicalistes de l’UNEF qui s’interposent et évitent à cet individu de se faire jeter dehors manu militari, à grands coups de pompe dans le cul !
Signe des temps, une grande partie de l’assemblée conspue mon intervention, prétextant la sacrosainte liberté d’expression démocratique… Une fois son discours terminé, le militant frontiste sera lui aussi conspué par la même assemblée… mais elle voulait entendre ce qu’il avait à dire…
Petit aparté, nous sommes là confrontés à l’extrême banalisation du Parti « Front National », à l’acceptation de ce parti sur l’échiquier politique démocratique et à la normalisation de la pensée réactionnaire. On écoute le Front National, on dialogue, on s’en inspire…
Revenons-en aux faits, une quinzaine de jours plus tard, les militants fascistes (le terme n’est ici pas galvaudé) reviennent sur le campus, cette fois-ci à quatre, les deux individus précédemment nommés et un autre frontiste qui accompagne l’élue régionale Stéphanie Koca. Dans un premier temps ils restent en haut de l’amphithéâtre, qui est cette fois plutôt désert, la fin du mouvement est proche. C’est à ce moment qu’a lieu notre première altercation, elle sera verbale, et suffisamment dissuasive pour qu’ils quittent le campus universitaire.
Seulement voilà, avec quelques camarades nous les accompagnons vers la sortie et là, ils comprennent très vite que notre tolérance aux fascistes est égale à zéro. Contrairement à ce qu’ils ont écrit ici et là, il ne s’agit en rien d’un « lynchage », juste deux, trois coups donnés histoire de faire rentrer les rats sous terre, là où est leur place.
Trois semaines plus tard me voilà convoqué au commissariat de Villeneuve d’Ascq après avoir été reconnu par les renseignements généraux sur la vidéo-surveillance de Lille 3. Les anti-systèmes de pacotille sont allés déposer une plainte à notre encontre et la police a fait son boulot.
J’ai reconnu et assumé les faits. L’utilisation de la violence comme outil révolutionnaire ne m’a jamais posé problème. L’état sous sa forme démocratique est bien plus violent que moi dans mon quotidien, et les fascistes qui ici jouent les victimes n’en seront pas moins les bourreaux demain.
Il ne s’agit pas de faire l’apologie de la violence, juste la respecter comme une tactique politique quand on la juge appropriée. Face à l’extrême droite, au patronat et autres réactionnaires elle est une technique de lutte aussi légitime que les manifestations ou la propagande.
Monsieur le procureur et Madame la juge ne l’ont pas entendu de cette oreille et mon condamné à 3 mois de prison avec sursis, une amende de 500 euros pour le tribunal et 1000 euros pour chaque fasciste agressé… Je n’attendais rien d’autre de leur part, la justice bourgeoise défend les intérêts de sa classe, je n’en fais pas partie et c’est tant mieux. Les tribunaux jugent au quotidien des gens du peuple et très rarement les puissants. L’état me juge « hors la loi », tant mieux, vos lois et vos règles ne sont pas les miennes, oui je suis illégaliste.
La période politique actuelle est inquiétante à plusieurs titres, la démocratie que l’on nous vend sent le moisie, à tel point que le fascisme y devient soluble et que les idées les plus réactionnaires en sont parties intégrantes.
Aujourd’hui nous ne nous battons plus pour avancer vers notre idéal mais pour défendre le peu d’acquis qu’il nous reste… A nous de reprendre l’offensive, de proposer, de s’organiser collectivement pour continuer de lutter ensemble.
La répression ne nous arrêtera jamais, la lucha sigue ! Manu
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