Archives de juin, 2020


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Jeudi et hier, les violences policières en marge de des manifestations contre les crimes racistes ont été extrêmement nombreuses. Eva Bscn livre ici un récit des évènements qui fait froid dans le dos. Alors qu’elle ne participait même pas à la manifestation, elle et son amie ont été gazées puis violentées par la police jeud soir. La jeune femme a porté plainte contre les « forces de l’ordre ». Elle cherche des témoins et des vidéos qui mettent en cause le gang en uniformes. Si vous avez des vidéos, contactez-la !

Lille. 4 Juin 2020. 21h30

Nous sommes en terrasse entre amis. On passe un bon moment, on est contents de pouvoir se retrouver autour d’une bière. Il est 21h30. Un groupe de manifestants arrive, nous sommes sur la Grand Place. Ils sont une petite centaine. La manifestation en l’honneur d’Adama est pacifique. Les flics arrivent en nombre. Ils sont là pour notre « sécurité » bien évidemment. Enfin c’est ce qu’on pensait jusqu’à ce qu’ils jettent du gaz lacrymogène, sans AUCUNE raison.

On est en terrasse, et on est rapatriés dans le bar, nos yeux pleurs et nos nez coulent. On part vite, on laisse nos bières, j’oublie mon masque. Une femme s’évanouit dans le bar à cause du gaz. On est révoltés par ce que l’on vient de voir. On attend que la situation se calme pour prendre le métro et rentrer.

On arrive au métro Rihour. Il y a une dizaine de policiers. On me demande d’ouvrir mon sac. Je le fais. Je commence à descendre l’escalator. Un policier me dit « si t’as pas de masque c’est 135€ d’amende ». Je tente de lui expliquer que je l’ai perdu à cause de ce qu’il vient de se passer. Il me m’écoute pas. Et là tout bascule. Il m’attrape avec une agressivité inouïe le bras. Je lui demande de me lâcher car je n’ai rien fait. Il appelle ses collègues.

Ma copine était là. Elle lui dit d’arrêter de me violenter comme cela. Une femme tente de m’aider, ils l’écartent très rapidement. Un flic nous attend en bas de l’escalator. Je me dirige vers lui, et lui explique que je ne cherche pas la guerre, je veux simplement expliquer pourquoi je n’ai pas de masque et que son collègue va trop loin. Ils nous poussent, ma copine et moi, violemment.

Ma copine leur dit d’arrêter tout de suite car ce qu’il se passe est scandaleux. Et là l’un d’entre nous la pousse si fort qu’elle tombe dans l’escalator. Je suis obligée de les séparer, les flics nous chargent sans arrêt, ils sont 6 sur nous.

Je retente d’expliquer l’histoire du masque, un flic me dit « t’as qu’à en acheter un en pharmacie ». Je lui dit qu’elles sont fermées, et là il me répond « t’as cru que j’étais une pharmacie ? Bande de grosses connasses ». Je suis sidérée, j’essaie de me raisonner mais je vous assure que c’est compliqué.

Ils tentent sans arrêt de nous frapper. Les insultes fusent « allez vous faire enculer », « cassez vous de là ». On arrive en haut du métro, un homme s’approche et me dit « partez de là ça va mal finir, t’inquiète tout le monde a filmé la scène ».

Si je vous parle de ca, c’est déjà pour mettre sur la scène publique cette situation scandaleuse. Nous aimerions ensuite remercier la femme qui a eu le courage d’essayer de s’interposer. Et nous aimerions ABSOLUMENT retrouver ces vidéos.

Si vous étiez à la station de Rihour hier aux alentours de 22h contactez nous s’il vous plaît. Nous avons porté plainte. Nous savons que les flics sont intouchables mais il faut que les violences policières cessent. La police est censée nous protéger, mais elle ne fait que d’attiser la haine et nous violenter. Pourquoi nous avoir agressé physiquement et verbalement ? Parce qu’on est des femmes ? Parce qu’on est ensemble ? Pourquoi ?

On veut des explications et je suis prête à aller loin pour en avoir.

Eva Bscn


Paris - Minneapolis

Appel du CSP59, du Collectif Afrique et du FUIQP

Rassemblement contre les crimes racistes, samedi 6 juin à 15h, place de la République à Lille

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L’assassinat de George Floyd fait partie de la longue liste des victimes noirs du racisme de l’État que les grands médias aiment appeler la « plus grande puissance démocratie au monde ».

Les crimes racistes de la police aux USA sont impunis en raison même du fait que les Noirs y sont des « citoyens » de seconde zone parce que descendants d’esclaves dans un État – les USA – qui a été construit par les descendants d’esclavagistes.

A la grande différence de Haïti où la Révolution a été à la fois indépendantiste et anti-esclavagiste, celle des États-Unis était indépendantiste mais esclavagiste jusqu’en 1865; année où la guerre de sécession a « libérée » les esclaves noirs du sud pour en faire une main d’œuvre discriminée par l’apartheid du « Jim Crow » dans les usines du nord.

Le mouvement des « droits civiques » des années 50 et 70 a produit une « classe moyenne », voire une minorité bourgeoise noire tout en condamnant l’écrasante majorité des noirs états-uniens aux cases : misère, drogue, délinquance, prison, familles monoparentales et armée.

Les fondements du système capitaliste aux USA sont donc demeurés : exploitation des humains par des humains et racisme contre les minorités nationales noires, hispaniques et immigrantes.

Tous les milliers afro-américains victimes de crimes racistes et surtout par la police sont restés jusqu’ici sans que justice leur soit rendue. Que les premières mesures, suspension puis prétendu « homicide involontaire », n’aient été prises par la hiérarchie policière et judiciaire que parce que la mobilisation populaire les y a contraint n’est une surprise que pour ceux et celles qui ont été bernés par le mythe de la « démocratie modèle » que l’on ne cesse de nous asséné.

Le peuple étasunien est dans la rue pour que justice soit rendue à George Floyd et que le pays soit débarrassé de la domination dans les institutions, notamment la police, de l’idéologie raciste et fasciste du Ku Klux Klan.

Soyons aussi dans la rue pour les soutenir et mettre en garde contre les crimes racistes et autres atteintes liberticides que la police commet aussi ici, en France, comme vient de le dénoncer la chanteuse et actrice Camélia Jordana.

Aussi faut-il signer massivement la pétition qui dit NON à l’interdiction de filmer la police française.

 


I can't breathe

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A Minneapolis, George Floyd, un afro-américain de 46 ans, a été assassiné par un policier blanc. Derek Chauvin, fervent supporter de Trump, a écrasé la gorge de George Floyd avec son genou pendant 9 minutes, jusqu’à ce qu’il meurt. Alors qu’il étouffait, George Floyd criait « I can’t breathe, I can’t breathe ».

A Beaumont-sur-Oise, Adama Traoré a été tué par les gendarmes Fontaine, Gonzales et Hurin. Ces trois hommes blancs ont utilisé sur le jeune homme noir de 24 ans une technique similaire à celle avec laquelle Chauvin a assassiné George Floyd. Alors qu’il était écrasé par les trois gendarmes, Adama Traoré criait « Je ne peux plus respirer, je ne peux plus respirer ». Symbolique forte, l’avocat des gendarmes est également l’avocat… de Marine Le Pen.

Contre toute évidence, les médecins légistes de l’État affirment que George Floyd ne serait pas mort d’étouffement. En France, cette semaine, une expertise médicale menée par l’État affirme que Adama Traoré ne serait, lui non-plus, pas mort d’étouffement. Cette expertise qualifie Adama Traoré de « sujet de race noire ».

Adama Traoré et George Floyd ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Ils sont 2 victimes de la police parmi des milliers d’autres. Le meurtre de George Floyd est (au moins) le 193ème meurtre commis par la police du Minnesota en 20 ans. C’est la 13ème fois que Derek Chauvin est accusé d’avoir commis des violences policières.

En France, rien que pendant la durée du confinement, au moins 12 personnes sont mortes après avoir eu affaire à la police. Ici à Lille, en 2017, deux adolescents, Sélom et Matisse ont été percutés par un train alors qu’ils étaient pourchassés par la police. A Montigny-en-Gohëlle, en 2013, Lahoucine Aït Omghar a été abattu à son domicile par la police. En janvier 2020, la mort de Cédric Chouviat, livreur de 42 ans tué par des policiers avec une technique similaire à celle qui a coûté la vie de George Floyd avait ému la France entière, sans entraîner aucune réaction de la part de l’État. Alors que des centaines de Gilets Jaunes sont toujours détenus dans les geôles de l’État pour avoir réclamé plus de justice sociale, alors que FO Police porte plainte contre Camélia Jordana car elle affirme avoir peur de la police, aucun des policiers impliqués dans ces affaires n’est actuellement en prison.

Aux Etats-Unis comme en France, les crimes policiers ne sont pas dus au hasard. Ils sont la résultante d’un système raciste, issu de la colonisation, qui vise à préserver coûte que coûte les intérêts des plus riches. 2 153 personnes possèdent plus à elles seules que 60% de la population mondiale. Les richesses n’ont jamais été aussi concentrées et les capitalistes sont terrorisés à l’idée que le peuple s’unisse pour reprendre ce qui lui appartient.

L’un des objectifs de maintenir les populations issues des colonies dans la misère est de terroriser les travailleur·euse·s blanc·he·s, de leur donner un aperçu du sort qui les attend s’ils osent se révolter, exiger de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail, plus de justice sociale. Maintenir les populations issues des colonies dans la misère vise aussi à créer un épouvantail : la misère entraîne mécaniquement le crime et la violence, quelque soit la couleur de peau de ceux qui la subissent (des études montrent qu’à niveau de revenu égal, le niveau de violence entre les quartiers blancs et noirs est exactement le même). Le crime et la violence engendrés par la misère permet d’alimenter le fantasme du « problème étranger », de l’immigré·e voleur·euse et agresseur·euse, et ainsi de détourner les travailleur·euse·s de leurs véritables ennemis : les quelques milliardaires qui volent les richesses qu’ils produisent.

A l’aide de la propagande déversée à longueur de journée par les médias qu’ils possèdent, les capitalistes polarisent le débat autour des étranger·ère·s qui sont présenté·e·s comme des sauvages, des voleur·euse·s, des terroristes. C’est une manière simple de détourner les travailleur·euse·s blanch·e·s du fond du problème : la répartition des richesses et le contrôle du pouvoir. Pour « protéger » les travailleur·euse·s blanch·e·s face à ces « hordes barbares », la police serait alors le seul rempart, elle est donc autorisée à tuer et mutiler en toute impunité.

Au cours du mouvement des Gilets Jaunes, les travailleur·euse·s ont réclamé du changement : la répartition équitable des richesses et le contrôle vraiment démocratique des institutions. Malgré la propagande incroyable des médias, le mouvement a fait passer « le problème étranger » au second plan et la question sociale au premier. Alors l’État n’a pas hésité une seconde, pour protéger les intérêts des capitalistes paniqués, il a envoyé sa police – la même qui tue, blesse, brime et humilie dans les quartiers populaires depuis des décennies – éborgner, mutiler, arracher les mains des Gilets Jaunes. Les travailleur·euse·s blanc·he·s ont eu un aperçu de comment la police se comporte avec les populations noires et arabes. Un aperçu encore très partiel. Ils se sont également aperçus que l’État ne tenait plus que par sa police, dont l’autonomie et l’impunité sont toujours renforcées. Dernière mesure en date : une proposition de loi du député Eric Ciotti qui veut faire condamner d’une amende de 15 000 € et d’une peine de 6 mois d’emprisonnement toute personne qui diffuserait des images de la police dans l’exercice de leurs fonctions. Ciotti ne s’en cache pas : il vise directement l’application Urgence Violences Policières lancée au mois de mars par le collectif « Urgence Notre Police Assassine ».

Aujourd’hui les USA s’embrasent face aux violences policières. De Minneapolis à Sidney en passant par Londres, Paris ou Berlin des millions de personnes défilent pour exiger la fin du racisme institutionnel, la fin des crimes policiers et une répartition juste des richesses.

En soutien aux manifestant·e·s américain·e·s et en hommage à toutes les victimes de la police de par le monde, nous appelons à un rassemblement jeudi à 19h place de la République à Lille.

Pour éviter la propagation du virus et pour permettre la participation des personnes vulnérables, le port du masque sera obligatoire lors de ce rassemblement. Il faudra également veiller à garder une distance d’1 mètre entre chaque participant·e.

Pas de justice, pas de paix.

Premiers signataires (par ordre alphabétique) : Action Antifasciste NP2C, Alternatiba, ANV COP 21, Brigades de Solidarité Populaire, CNT, Comité des Sans Papiers 59, CRIME Lille, Jeunesses Communistes, La France Insoumise, Les Amis de la Terre, Le Social Déchaîné, Résistance Populaire, Solidaires Nord, UCL Douai, onestla.tech