Archives de octobre, 2012


Mise à jour : D’après Nord Eclair, le maire d’Hellemmes à décidé d’annuler la réunion de demain. A noter également la mise en place d’une pétition par le collectif « Soutien aux Roms d’Hellemmes ». Les prochains rendez-vous pour la faire signer :

  • lundi, 12h – 13h, à la sortie du métro Hellemmes
  • mardi 7h30 – 9h, à la sortie du métro Hellemmes

Ce matin 150 à 200 racistes ont défilé dans les rues d’Hellemmes-Lille pour protester contre la construction d’un village d’insertion devant accueillir quelques familles Roms sur la commune.

Les nervis d’extrême-droite et les « simples habitants » présents ont agressé des militants d’associations de solidarité avec les Roms qui tractaient dans la ville puis bousculé et craché sur le maire d’Hellemmes, porteur du projet de village d’insertion.

Les racistes promettent de remettre ça ce mardi lors de la nouvelle réunion d’information autour du projet initiée par la mairie.

Ne laissons plus les racistes parader sereinement dans notre ville !
Rappelons à ceux qui l’auraient oublié que Lille est une ville métissée, forte d’une longue tradition de lutte où la xénophobie et la haine envers les plus démunis n’ont pas leur place. Ne laissons pas les Roms devenir les nouveaux boucs-émissaires.
Rendez-vous mardi 30 octobre 19h à la salle Duquesnoy d’Hellemmes (parc Engrand).

Texte d’appel à la mobilisation par des élus d’Hellemmes :

La mairie d’Hellemmes a décidé d’installer un village d’insertion de 5 familles Rom.

Lundi, le chantier a été bloqué par des riverains.

Mardi soir, une réunion a été initiée par le maire d’Hellemmes pour tenter d’apaiser les craintes.

Mais la réunion a été clairement sabotée par un groupe de fascistes et nous pesons nos mots.

Des slogans racistes ont été prononcés, la haine était au rendez-vous. Nous vous invitons à lire Nord Eclair daté de ce jour, jeudi, pour vous faire une idée du climat de cette réunion.

Mardi prochain, à 19 heures à la salle Duquesnoy (parc Engrand) d’Hellemmes, une autre réunion est prévue, pour tenter d’avancer.

La mairie d’Hellemmes ne reculera pas. ous Le village d’insertion est la moins mauvaise des solutions à notre disposition, et si ces villages se multipliaient, une réponse, certes imparfaite, serait appportée à la question de l’insertion de ces populations par ailleurs peu nombreuses.

Mais à Hellemmes, comme hier à Cysoing, les fascistes mobilisent leurs réseaux, on a pu le vérifier sur Internet. L’UMP, en pleine droitisation, se mêle à ces fascistes pour les récupérer. Et des citoyens, simplement inquiets, sont ainsi récupérés par ces mouvements nauséabonds, car c’est le principal son de cloche qu’ils entendent, lorsque les démocrates sont minoritaires dans ce type de réunion.

C’est pourquoi nous vous invitons à venir nombreux, dans un esprit républicain, pour que le nombre des fascistes et de leurs alliés de circonstance ne soit pas majoritaire dans cette réunion, et qu’ainsi les points de vue favorables à cette politique d’insertion puissent s’exprimer.

Ce combat, nous devons le gagner à Hellemmes, pour que face à la stupidité du modèle vu à Cysoing et ailleurs, se lève l’exemple de la solidarité hellemmoise pour tous les publics en difficulté, car il est impossible de tolérer que le racisme et la xénophobie obligent des enfants et des adultes à passer l’hiver dans des tentes de fortune.

Tous à la salle Duquesnoy (salle de sport derrière le parc Engrand) le mardi 30 octobre à 19 h !

Faites passer !

Sylvain PETIT
Conseiller communal délégué

Annie DOVERGNE
Conseillère Communale Déléguée aux Arts de la Rue
Médiatrice Mairie d’Hellemmes

Vidéo sur le rassemblement raciste de ce matin :


Edit : Le collectif de soutien aux Roms d’Hellemmes annule le contre-rassemblement de demain.

Demain, des habitants de Hellemmes-Lille organisent un rassemblement raciste pour s’opposer à l’installation d’un village d’insertion devant accueillir quelques familles Roms dans la ville.

Lundi, dans la lignée de la mobilisation raciste anti-Roms impulsée par la mairie de Cysoing au mois de septembre, ces habitants ont bloqué le démarrage du chantier du village. Mardi, la « réunion de conciliation » entre ces habitants et la mairie a tourné au meeting xénophobe… Et demain, un pogrom ?

Ne laissons pas s’installer la haine envers les plus démunis. Ne laissons pas les racistes parader dans l’indifférence. Ne laissons pas les Roms devenir les nouveaux boucs-émissaires. Les responsables de la crise sont les capitalistes, pas les « étrangers ».

Rendez-vous demain, Samedi 27 Octobre, à 11h au metro Hellemmes pour empêcher la tenue de défilés racistes à Lille.



Le groupe « alliance vita », créé par Christine Boutin, anti-avortement, mais aussi anti-mariage et adoption pour touTEs, homophobe et transphobe, appelle à des rassemblements dans toute la France le mardi 23 octobre 2012.
A Lille, place de l’Opéra entre 12h00 et 14h30.
Le Planning Familial Métropole Lilloise, répond à l’appel de La LGPLille, au rassemblement pour l’Egalité des Droits, de toutes les associations, syndicats, personnes humanistes, progressistes et solidaires, ce mardi 23 octobre, dès 12h00, place de l’Opéra à Lille.

En espérant vous y voir nombreuses et nombreux !

Lucie VIDAL – Coordinatrice
Le Planning Familial – Métropole Lilloise


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Militant communiste de la cause palestinienne, Georges Ibrahim Abdallah est l’un des plus anciens prisonniers politiques du monde. Il est détenu depuis 28 ans.
Georges Ibrahim Abdallah avec son organisation, les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), a lutté avec acharnement contre les criminels impérialistes et leurs alliés sionistes. En 1982, l’armée israélienne envahit le Liban. Massacres de masse (les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila en sont un exemple), liquidation des intellectuels par les services secrets d’Israël, crimes contre l’humanité…

La lutte populaire s’organise contre l’occupant. Les FARL ripostent à l’invasion sioniste du Liban en exécutant en France Barsimantov, responsable du Mossad, et Ray, attaché militaire US et responsable de l’OTAN (machine de guerre au service de l’impérialisme américain) en Europe.
Arrêté en 1984 en France, Georges Abdallah a été condamné en 1987, par un tribunal spécial, à la prison à perpétuité avec une peine de sûreté de 15 ans, bien que sa participation directe n’ait jamais été établie. Le procès de Georges Abdallah fut le résultat d’une manipulation des services secrets français et d’une campagne de désinformation visant à faire l’amalgame entre les FARL et une série d’attentats aveugles commis entre 1986 et 1987.
Actuellement incarcéré à Lannemezan dans les Pyrénées, Georges Ibrahim Abdallah est libérable depuis 1999…
Le 28 décembre 2011, le préfet Yves Bonnet, ancien patron des Services secrets (la DST), ancien député, reconnaît dans cette incarcération de 28 ans « une vengeance d’État » et réclame la libération « du plus vieux prisonnier politique en France ». Oui, fidèle à ses engagements, Georges Ibrahim Abdallah n’a jamais rien renié de son combat pour la libération totale de la Palestine et continue d’exprimer sa solidarité avec les peuples en lutte contre l’impérialisme et le sionisme.
L’État français et sa justice aux ordres des États-Unis et d’Israël, ont refusé de le libérer en dépit de 7 demandes de libération conditionnelle, toutes rejetées. Le motif : Georges Ibrahim Abdallah a conservé intactes ses convictions politiques.
Ce mardi 23 octobre 2012, à Lannemezan, le tribunal d’application des peines examinera sa 8e demande de libération. C’est pour cela que nous avons choisi un lieu symbolique, le Tribunal de Grande Instance, afin de populariser ce combat pour la libération de ce résistant.
Dans notre Bassin minier pétri de culture internationaliste, les municipalités de Calonne-Ricouart et de Grenay ont fait de ce militant exemplaire de combativité un « citoyen d’honneur ».
Le combat pour la libération de Georges Abdallah est de la responsabilité collective de tous ceux qui se revendiquent du camp de la révolution et de la liberté des peuples : communistes, anti-impérialistes, anticolonialistes, antisionistes…
Aussi, nous vous invitons à prendre position contre ce scandale mondial que constitue l’incarcération de Georges Ibrahim Abdallah…
Le Peuple des Corons solidaires de Georges Ibrahim Abdallah

Pour en savoir plus :
http://liberonsgeorges.over-blog.com/


Le LAG, c’est le Lieu Auto Géré du bassin minier du Pas-de Calais. Ça vous pose plein de questions ? Raison de plus pour nous y retrouver à l’occasion de son inauguration.

Ami-es de l’autogestion, des alternatives, du changement de société… Retenez d’ores et déjà la date : ce sera le

Samedi 20 octobre

à partir de 16h30

Au programme

* le rendez-vous est à 16h30, au café associatif l’Ancre Bleue, square du Grand Condé à Liévin.
* nous serons accompagnés d’une joyeuse fanfare, d’ami-es accordéonistes, d’une chorale, et degraffeurs-graffeuses
* Entre l’Ancre Bleue et Le LAG, il y a environ 1Km, que nous parcourrons dans la joie et la bonne humeur, en chantant, dansant, graffant… avec la satisfaction de celles et ceux qui voient de nouveau le joli nom d’autogestion reprendre toute sa place dans l’espace public.
* Nous arrivons donc au LAG, où nous nous exprimerons, sur ce que représente ce lieu, dans le bassin minier.
Restez… car ce n’est pas fini 😉
* Nous continuons la fête, en vous offrant et en nous offrant l’apéritif ….
* … et une soirée festive, à partir de 20h00, avec nos ami-es Le Duo des Falaises…
* … et une auberge espagnole… Ça vous tente : alors bienvenue ! Il vous suffit d’apporter un plat salé ou sucré.

Voir sur le site du LAG


 

Vu les derniers événements qui se sont produits en Grèce, nous avons décidé de dédier le concert du 20 octobre prochain aux antifascistes grecs récemment arrêtés.
Lettre des 15 antifascistes arrétés :

“Aujourd’hui l’état a déclaré la guerre civile, ceux que les couteaux des fascistes ne tuent pas, sont envoyés en prison par les décisions de justice de la junte.

Nous appelons ceux qui luttent et qui ressentent que DIGNITÉ, SOLIDARITÉ, ÉGALITÉ ET LIBERTÉ  ne sont pas des mots vides de sens mais une façon de vivre, à prendre conscience du moment historique que nous vivons et à agir en conséquence.

LES IDÉES ne peuvent être réprimées, ni emprisonnées.

Les 15 arrêtés antifascistes.”

Rappel des faits (source)

La nuit du 15 septembre a vu la première patrouille à moto dans le centre d’Athènes avec des distribution de flyers et des slogans contre les attaques néo-nazies. Le 22 septembre, une autre manifestation antifasciste à moto fut réalisée avec succès.

Dans la soirée du dimanche 30 septembre, une troisième intervention-patrouille antifasciste à moto passait dans le centre d’Athènes, mais a vite été entravée par des néo-nazis. En conséquence, les compagnons en ont environ démolis trois près de la rue Phylis, dans le secteur d’Aghios Panteleimonas, dans le centre  d’Athènes. À environ 21h00, alors qu’un des fascistes gisait toujours à terre, blessé, les dernières motos de la manifestation ont été attaqué en représailles par plusieurs brutes de l’unité de police à moto DELTA.

Quasiment tout les antifascistes à moto ont été prise en chasse et attaqué, d’abord dans le voisinage de la place Amerikis (non loin du centre de la communauté tanzanienne qui a été mis à sac par des fascistes il y a de ça quelques jours), ensuite dans l’avenue Alexandras, mais aussi alors qu’ils se dirigeaient vers Exarhia. Là aussi plusieurs jeunes ont été persécuté et arrêté par les flics.Plusieurs motos ont été laissé en plan et éventuellement confisquées par la police. Peu de temps après, les camarades se sont rassemblés dans les squats du centre d’Athènes afin de défendre les lieux.

Parmi un nombre non confirmé de compagnons blessés par les flics, un antifasciste a sérieusement été blessé. Pas loin de 23 personnes qui ont participé à l’action ont initialement été reporté manquant… Parmi eux, 15 ont été arrêté dans différents lieux et enfermé au quartier général de la police [GADA] dans l’avenue Alexandras, sans aucun accès aux avocats.

Un rassemblement a été appelé pour le lundi 1er octobre à 13h00 au tribunal d’Evelpidon en solidarité avec les arrêtés. La procédure a été reportée à jeudi, alors qu’assistaient au rassemblement plus de 300 compagnons. Dans la soirée, plusieurs unités de police ont sauvagement attaqué les personnes venus en solidarité au sein du tribunal et les ont harcelé dans les rues aux alentours, avec pour résultat plusieurs détentions (4 d’entre-elles se sont transformées par après en arrestations).

Les 15 antifascistes qui ont été arrêté le 30/9 sont toujours détenus à GADA – ils doivent passer devant le tribunal le jeudi 4/10 au matin. Les 4 compagnons arrêtés le 1/10 vont être détenus à GADA jusque vendredi, le 5/10, date à laquelle ils vont probablement passer en procès au tribunal d’Evelpidon.

Les antifascistes qui ont pris part à l’action n’ont pas encore publié leur propre version des  événements mais ont notifié qu’il y a un besoin de collecter plus de 10.000 euros pour les dépenses légales et cautions. De plus, tard dans la soirée du mercredi 3/10 , ils ont appelé à une assemblée ouverte à l’École Polytechnique pour discuter des dernières informations sur les 15 arrêtés de la patrouille-intervention antifasciste (30/9), des 4 arrêtés lors du rassemblement de solidarité au tribunal d’Evelpidon (1/10) et des actions à venir. L’assemblée a été suivie par plus de 300 sympathisants.

La même nuit, une vidéo de l’intervention du 30/9 a été publiée, avec des prises peu avant le coup répressif. De plus, tous les 19 otages à GADA ont envoyé un premier retour :

Mercredi 03 octobre 2012.
Quelques mots des cellules de détention du 7em étage du quartier général de police d’Athènes.

Bien que trois jours aient passés depuis notre arrestation lors de la manifestation antifasciste à moto et collage le dimanche 30 septembre, nous pensons qu’il est bon de clarifier quelques trucs même maintenant.

Après un appel ouvert le dimanche 30 septembre, une manifestation antifasciste à moto et collage, qui est partie d’Exarchia, s’est déroulée dans le centre d’Athènes. Cette manifestation venait en réponse aux pogroms fascistes et attaques contre les immigrés qui se trouvent dans plusieurs quartiers du centre d’Athènes par des gangs fascistes déguisés en “résidents” ou “comités de commerçants”, soutenus par les gangs étatiques officiels.

Là tout de suite, nous ne sommes pas intéressés d’analyser ou expliquer ici les relations connues et rabattues entre Aube Dorée [Chrissi Avgi] et la police grecque.

Juste après que la patrouille est été attaqué par des partisans d’Aube Dorée(-citoyens), il y a eu un assaut de la part des flics de l’unité de police à moto DELTA, qui ont suivi l’arrière de la manif mais sont aussi passés dans les rues parallèles.

Au final, 15 combattants antifascistes ont été attrapé, hommes et femmes. Ils ont été blessé à différents endroits de leurs corps, comme la tête, les bras et jambes, alors que les flics ont aussi utilisé des tasers (armes qui causent des chocs électriques).

Nous avons été emmenés au 6em étage du quartier général de la police, en face du département de la protection de la constitution étatique, où la nuit fut accompagnée de tabassage, menaces, tirage et brûlage de cheveux de la part des équipes de DELTA qui ont pris nos photos pour leurs albums privés alors qu’ils continuaient à nous garder.

Des menaces telles “Maintenant nous savons qui vous êtes, nous allons vous enterrer comme vos grands-parents pendant la guerre civile” sont révélatrices du terrorisme que ces crétins prétoriens des équipes DELTA ont tenté de nous infliger. Au même moment, nous n’étions pas autoriser à communiquer avec des avocats ou des médecins pendant 19 heures consécutives. Le jour suivant, après qu’ils aient fait un transfert – un spectacle afin de prendre nos profils suspects, ils nous ont en fin de compte emmené au tribunal de l’ancienne école militaire d’Evelpidon.

Alors que nous étions toujours au tribunal, les forces de police anti-émeute ont attaqué les personnes solidaires rassemblées, battants férocement nombre d’entre eux. Un total de 25 personnes ont été détenu, et au final 4 arrêtés ont été inculpé. Depuis le moment de leur arrestation, ils ont été transféré au 6em étage du quartier général de la police, où les flics mirent en place la même tactique d’intimidation, incluant des fouilles corporelles humiliantes. Après une décision vengeresse sans précédent, la détention provisoire des 4 arrêtés a été prolongé en trois jours de plus (jusqu’à vendredi), et la détention provisoire des 15 premiers arrêtés fut étendue à jeudi.

Ils nous ont amené aux cellules de détention du 7em étage du quartier général de la police, dans un quartier surpeuplé (prévu pour 30 personnes alors qu’en ce moment 80 personnes “vivent” là dans des conditions incroyablement sordides), dans une tentative de “briser nos nerfs”. Malgré tout, nous avons rencontré un sentiment de solidarité sincère exceptionnel des gens qui ont été “oublié” depuis plus de trois mois dans cet endroit.

Au sein de la “crise économique” de plus en plus de gens se dirigent vers la pauvreté et la destitution, le cannibalisme social est récompensé comme une vertu, le fascisme montre sa tête dans nos localités et quartiers, l’offensive de l’État s’intensifie à tous les niveaux; dans cette période, des options qui promeuvent l’auto-organisation, la solidarité, la camaraderie et l’action directe sont celles qui, non seulement, peuvent tenir dans ce chemin de la peur qu’ils essaient d’imposer dans nos vies, mais sont aussi la perspective d’une organisation sociale différente.

Vous avez besoin de profondément saisir ce qu’est vraiment le fascisme
Le fascisme ne mourra pas simplement de lui-même; vous avez besoin de l’écraser.

Les arrêtés du 30/9 et du 1/10
(Quelques uns parmi nous, fiers descendants de brigands/symmorites anarcho-communistes.)


Anarchistes, communistes libertaires, anarcho-syndicalistes, autonomes, artistes, organisés ou non-organisés, nous faisons part de notre condamnation totale de l’islamophobie sous toutes ses formes. Nous affirmons que l’islamophobie est une forme de racisme.

Nous avons le désagréable pressentiment, au regard de l’actualité, que l’islamophobie, comme un racisme respectable et vertueux, devient l’un des ressorts privilégiés de la gauche au pouvoir et de la gauche bien-pensante. Nous faisons le constat exaspérant que les thématiques progressistes comme le féminisme, la laïcité ou la liberté d’expression sont régulièrement invoqués pour le justifier. Le fait qu’en février, à peine passé à gauche, le Sénat ait voté une loi d’interdiction de certains emplois aux femmes voilées ne fait que confirmer nos craintes. Il en est de même quant aux comportements et discours néo-coloniaux et racistes du Parti de Gauche et des organisateurs du fameux débat sur « comment faire face au Front national » (sic) à la Fête de l’Humanité(1).

Les conséquences de l’islamophobie sont grandes pour celles et ceux qui la subissent : des lois liberticides votées ces dernières années jusqu’aux discriminations insidieuses, parfois flagrantes (par ex : les 4 animateurs de Gennevilliers suspendus car faisant le ramadan), sans parler des insultes et agressions diverses. Ces attaques racistes risquent fort de croître, et nous devons nous préparer à les combattre sans aucune ambiguïté.

En tant que libertaires nous réfutons et combattons tout raisonnement islamophobe porté au nom de l’idéologie libertaire et avons décidé de l’affirmer clairement par cet appel.

Parce que nous pensons qu’au sein du discours médiatique dominant, journalistique et politique, certains « philosophes », « dessinateurs » et « écrivains » surmédiatisés, comme Michel Onfray, Caroline Fourest ou l’équipe de Charlie Hebdo, participent de cette islamophobie ambiante et de sa propagation en se positionnant parfois comme libertaires, ou en agissant au nom de la tradition et de l’idéologie libertaire.

Parce que nous constatons que certains secteurs de « notre famille politique » sont imprégnés par l’idéologie islamophobe, et cela est insupportable. Cela se traduit au mieux par un désintérêt pour cette question (parfois par une condamnation certes claire de l’islamophobie mais couplée de moult rappels du combat primordial contre l’aliénation religieuse), au pire par le refus de reconnaitre l’islamophobie comme un racisme voire par le fait de s’affirmer islamophobe au nom d’un anticléricalisme primaire importé de contextes historiques différents, voire par des connivences et compromissions inacceptables, heureusement marginales mais pas assez vigoureusement condamnées.

Certaines choses doivent donc être rappelées à nos « camarades ».

NON, le terme islamophobie n’a pas été inventé par le régime iranien pour empêcher la critique de l’islam comme le proclame Caroline Fourest, le terme existait d’ailleurs déjà au début du XXème siècle.

NON, combattre l’islamophobie ne nous fait pas reculer devant les formes d’oppression que peuvent prendre les phénomènes religieux. Nous apportons ainsi notre soutien total à nos camarades en lutte au Maghreb, au Machrek et au Moyen-Orient qui s’opposent à un salafisme qui prend là-bas les formes réactionnaires et fascistes, et cela au plus grand bénéfice de l’impérialisme occidental.

NON, tous les musulmans qui luttent contre les lois islamophobes ne sont pas des crypto-islamistes ni des communautaristes venus faire du prosélytisme ou souhaitant interdire le blasphème. Beaucoup d’entre eux et elles sont des acteurs et actrices du mouvement social à part entière. Ils et elles luttent, s’auto-organisent, se battent pour leurs droits, contre le patriarcat, le racisme et pour la justice sociale au quotidien en revendiquant la spécificité de leurs oppressions et en pointant les contradictions qu’il peut y avoir au sein d’un certain discours « militant ». Critiquer leur façon de s’organiser ou de militer est une chose, les disqualifier par un discours marginalisant et raciste en est une autre.

La critique récurrente qui est faite à ceux qui parlent d’islamophobie(2), est qu’ils sont les porteurs d’un concept qui produirait du communautarisme. Nous disons que l’islamophobie est la politique de l’Etat envers de nombreux fils d’immigrés. Cette politique, il l’avait déjà expérimentée avec certains colonisés. L’islamophobie est bien un instrument de la domination, ce que le Palestinien Edward Saïd décrivait comme « la longue histoire d’intervention impérialiste de l’Occident dans le monde islamique, de l’assaut continu contre sa culture et ses traditions qui constitue un élément normal du discours universitaire et populaire, et (peut-être le plus important) du dédain ouvert avec lequel les aspirations et souhaits des musulmans, et particulièrement des Arabes, sont traités(3). » Dans la parfaite lignée de la structure de « l’orientalisme », l’Occident disqualifie l’Orient par le prisme de l’islamophobie et régénère par là sa pseudo-supériorité morale. Assumée ou dissimulée, cette structure de pensée gangrène une vaste partie du champ politique progressiste.

L’islamophobie n’est donc pas un concept flottant manié par des militants mal intentionnés, comme certains réactionnaires se plaisent sournoisement à l’inventer, mais une politique de la domination, de l’Etat post-colonial, qui imprime les corps des dominés. Dénoncer l’islamophobie n’est pas non plus l’apanage d’une communauté qui chercherait à se défendre. C’est au contraire un langage raciste de peur permanente qui désigne le paria sous les traits imprécis du musulman. A Salman Rushdie qui affirme lui aussi que l’islamophobie n’existe pas, car les musulmans ne sont pas une race, il faut rappeler, à lui et à tous ceux qui connaissent si mal l’histoire du racisme en Europe, que l’antisémitisme concerne les juifs, qui ne sont pas non plus une race.

Ce langage voudrait aussi imposer une assignation : tout arabe, tout africain, ou parfois tout être, ayant l’islam comme part de sa culture et comme part de son histoire serait un être essentiellement réactionnaire, fondamentalement religieux, et donc incompatible avec les principes fondamentaux républicains – principes par ailleurs complètement désincarnés, qui ne servent que pour justifier cette exclusion. Comme l’a montré Frantz Fanon, le colonisé, « par l’intermédiaire de la religion, ne tient pas compte du colon ». « Par le fatalisme, toute initiative est enlevée à l’oppresseur, la cause des maux, de la misère, du destin revenant à Dieu. L’individu accepte ainsi la dissolution décidée par Dieu, s’aplatit devant le colon et devant le sort et, par une sorte de rééquilibration intérieure, accède à une sérénité de pierre(4). »

Assigner les colonisés, et aujourd’hui les fils d’immigrés, à une religion, relève d’une dynamique de domination expérimentée dans les anciennes colonies. Les islamophobes n’ont peur que d’une chose : que les dominés s’emparent des armes de la critique sociale et de la philosophie, car c’est sur ce terrain que se prépare leur défaite, sur ce terrain que la lutte sociale se déploie et nous réunit.

Au-delà de l’islamophobie, ce problème soulève le peu d’intérêt et d’engagement contre le racisme visant les enfants d’immigrés issus de la colonisation. Ce sont aussi toutes les questions liées aux quartiers populaires qui font les frais d’un déficit d’engagement de la part du mouvement social. Pour preuve le peu de personnes militant contre les violences policières et les crimes racistes et sécuritaires.

Les populations issues de la colonisation, qu’elles soient noires, arabes, musulmanes, habitantes des quartiers populaires, ont décidé de ne plus rester à la place où l’on veut les assigner et s’affirment comme forces politiques en s’auto-organisant. Nous devons avancer côte à côte et lutter contre le racisme sous toutes ses formes, de toutes nos forces.

L’islamophobie dominante, encouragée par tous les pouvoirs occidentaux, est aussi l’occasion de diviser ceux qui devraient s’unir, et unir ceux qui devraient être divisés. Dans une société régie par le spectacle, elle a en outre pour fonction de jeter de vastes écrans de fumée sur les réalités sociales. Ne tombons donc pas dans le piège !

Enfin ce problème pose aussi la question d’une sorte d’injonction à l’athéisme, condition sine qua non pour prendre part à la guerre sociale et militer dans une organisation libertaire. Il serait donc impossible ou infondé d’exprimer sa foi si l’on est croyant, tout en partageant certaines convictions progressistes. Nous nous opposons à l’essentialisation des croyants et du phénomène religieux, qui se fait sans donner la parole aux premiers concernés, et qui nous conduit aujourd’hui aux pires amalgames.

Notre opposition sans concession à l’islamophobie, en tant que libertaires, doit se faire entendre sur cette question. Nous sommes aussi le reflet d’un certain nombre de contradictions: de même que nous sommes traversés par les rapports de domination sexistes ou homophobes, ce qui est aujourd’hui (plus ou moins!) reconnu par le mouvement libertaire, nous devons reconnaitre l’être aussi par les rapports de domination racistes, postcoloniaux et faire le travail qui s’impose, dans le contexte social où l’on se trouve.

Contre cette arme coloniale de division massive et de « régénération du racisme » qu’est l’islamophobie, contre la construction d’un nouvel ennemi intérieur, nous affirmons en tant que libertaires notre solidarité avec celles et ceux qui luttent et s’auto-organisent contre cette oppression, et appelons au sursaut antiraciste partout pour les mois et les années à venir.

1. Article de Pierre Tevanian et Saïd Bouamama : Caroline Fourest, l’incendiaire qui crie « au feu! »
http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/180912/caroline-fourest-lincendiaire-qui-crie-au-feu
2. Voir les propos du très libéral Nasser Suleyman Gabryel qui récuse carrément l’usage du mot :http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/07/04/critique-du-concept-d-islamophobie_1728053_3232.html
3. Edward W. Saïd, L’Islam dans les médias.
4. Frantz Fanon, Les damnés de la terre.

Premiers signataires :

Nicolas Pasadena (Alternative Libertaire), Skalpel, E.one et Akye (BBoyKonsian-Première Ligne), Fred Alpi, Samuel Idir (Journal L’Autrement), Docteur Louarn (CNT-BZH), K-listo (Soledad), Aodren Le Duff (CNT), Subversive ways, Yly, Sophie B (CNT), George Franco, Marouane Taharouri (Alternative Libertaire), JM Smoothie (CNT-BBoyKonsian), Samia (BBoyKonsian), Elie Octave (Sud-Etudiant), Haythem Msabhi – Mouvement Désobéissance (Tunisie), Rabaa Skik (Artiste plasticienne), Zack O’Malek (Journal L’Autrement), Rola Ezzedine (Professeur d’histoire), Isabelle Vallade (Collectif Bordonor), Christophe Ceresero (NPA – CLA), Simo Shmaa, Michaël Courrouyan (Quidam bordelais), Mariam Seri-Sidibe (Travailleuse sociale – NPA), Adeline Dehel (Alternative Libertaire), Devi Neserelic, Guilhem Theron (Alternative Libertaire – Sud-Etudiant ), Chris (OVBT), Edouard Gloanec, Thibaut Hoerner, Marc Boué (Alternative Libertaire), Serge Quadruppani (Ecrivain, traducteur), Olivier René Faye, Hugues Pineau (Alternative Libertaire), Mathias Caldato (CNT-BZH), Faiçal Marzaq (Communiste libertaire marocain), Michaël Jacques (FA), Ronny Guinguette (Alternative Libertaire), Soraya El Kahlaoui, François Brun (NPA), Fahima Laidoudi (Militante Anticapitaliste des Quartiers Populaires), Nino (CNT-Lille), Charles Lemoine, Samia Ammour (Féministe internationaliste), Timothée Chopin, Monsieur Saï, Duval Mc, Dany (Alternative Libertaire), Absone Samsa (Chômeur), Samuel Morville (Alternative Libertaire), Bilal/Robin Meerbergen (Educateur – Bruxelles), Jean-Marc Capellero (Alternative Libertaire), Donà Denis, Gwenola Ricordeau, Lola Gonzalez-Quijano, Mathieu Rougier (Comités Syndicalistes Révolutionnaires – Redskins Limoges), Pierre (Sud-Etudiant), Geosmin Petrichor, Valérie de Saint-Do, Charlette Ternaux, Bruno Bourgarel, Samuel Hayat (Enseignant-Chercheur en science politique), Zoé, Sébastien Marchal (Alternative Libertaire), Gisèle Felhendler (Militante internationaliste, antiraciste et anticolonialiste), Antoine Lacoste, Geko, Bastos (OVBT), Aubry (OVBT), Alexandru Stefan (Communiste libertaire et immigré roumain), Rotabé (Union antifasciste toulousaine), Hervé Fuyet, Céline-Mèméd (Rêves…olutionnaire), Sreyo (La Casa DIY, Antifa Grenoble), Jam Cavarec (Travailleur indépendant), Martine Masquerel, Jean-Guy Greilsamer (UJFP), Michèle Sibony, François de Reilhan (Altermondialiste), Zaidi Nasséra (Enseignante, citoyenne et fille d’immigrés), Dominique Bourdel, Thibaut Michoux (NPA), Sélim Nadi, Pierre Stambul (Communiste libertaire et militant antisioniste pour la Palestine), Amale Samie (Anarchiste – Casablanca), Stéphane Lavignotte (Militant écolo-libertaire, pasteur, membre de la coordination du Christianisme social), Noëlle Guilbon (Militante féministe), Reda Kellil, Daniel Lévyne (UJFP), Irène Steinert (UJFP), Dominique Ventre (UJFP), Georges Gumpel (Retraité, juif, UJFP), Suzanne D’Hermies (Enseignante, Collectif des Féministes Pour l’Egalité et Mamans toutes Egales), Christine Delphy, Jean-Jacques Rue (Cinémas Utopia / Siné Mensuel), Abdelaziz Chaambi (Président de la Coordination contre le Racisme et l’islamophobie), Rodrigo Avellaneda, Stéphanie Fernàndez Recatalà, Indicible, Munia Ewanjé Epée Boggio (NPA), Sébastien Prieur (Comédien), Tarik Bouriachi, Messaouda Benraad (Mille babords-Marseille), Freez (Stamina), Florian.T.Pier.R (Alternative Libertaire), Keyes (CNT-Lille), Alexandra Josse (Association d’éducation Populaire Gudule et Galipette), Samuel Burette (CNT), Clémence (Alternative libertaire), Philippe de Reilhan, Aurélien Botteaux (OCL Strasbourg), Caroline Kappes, Jacques Livchine (Metteur en songes), Claudine Duss (Libertaire anarchiste), Édith Rappoport (Malakoff), Félicien (Union Antifasciste Toulousaine)…

Pour figurer parmi les signataires, envoyez un mail à cette adresse: akye@bboykonsian.com