Archives de février, 2015


Soirée La Mangouste LilleSoirée de soutien à la caisse de soutien aux prisonniers à la Mangouste le 21 février à 20h30 (Lille) :

Plaine Crasse (anarchopunk hxc),
Embuscade (oi),
Douche froide (post-punk),
René Binamé (punk),
CC crack corn (country cajin),
DJ ACAB (oldstyle)
et grande tombola avec de nombreux lots !

 

Décès de notre camarade Chris

Publié: 19 février 2015 par ironstack dans Infos
Tags:, ,

Chris CNT

C’est avec une immense tristesse que nous vous faisons part du décès de notre camarade Christian Somerlinck survenu le 14 février 2015 à quelques mois d’une retraite bien méritée. Chris militait depuis de longues années au sein du syndicat CNT éducation du Nord Pas-de-Calais (SSEC 59/62) et de l’union locale CNT de Béthune.

Ci-dessous quelques messages de militant.es CNT :

Miette (STT 59) :

« Morne plaine » est le titre d’un courriel écrit par Chris le 20 décembre dernier. Courriel dans lequel, fidèle aux témoignages de ses camarades, il encourageait les militants anarcho-syndicalistes et syndicalistes révolutionnaires à militer joyeusement malgré la morosité générale et la contre-offensive capitaliste. Chris proposait également de réactiver une « saine » tradition et invitait les nouveaux et nouvelles syndiquéEs du STT 59 à offrir un coup à boire aux camarades. Quand la contre-révolution bat son plein se pose de façon décisive la question révolutionnaire comme est décisive, alors, la rencontre d’un frère de lutte, d’un homme de bien ! Nous n’avons pas eu le temps de rencontrer Chris, nous en sommes pour toujours appauvriEs. Condoléances AS-SR à ses proches, à ses amiEs et à ses potes-ses.

Philippe D. (SSEC 59/62) :

Tu as été si chaleureux que ton rire faisait du bien ! Salut à toi, mon frère humain.
Ma sincère sympathie à sa famille et à ses amis.
https://www.youtube.com/watch?v=ebeibrd0J58

Keyes (STICS 59) :

C’était l’un des premiers militants CNT que j’ai connu et également l’un des plus actifs, que ce soit dans ou en dehors des luttes. Sa perte va laisser un vide.

Jean-Luc (SSEC 59/62) :

Tu es parti mon pote… La vie ne passe pas pour être particulièrement juste… Et quelques saloperies peuvent l’emporter sans prévenir, du jour au lendemain… Mais ce qui ne peut être emporté reste partagé dans nos souvenirs et nos cœurs. Parmi, toutes les images qui me viennent à présent, j’ai celle du camarade de toutes les grèves et de toutes les manifestations, car c’était pour toi un principe de faire grève quand grève il y a. Je crois même que tu en avais fait un art de vivre. J’ai encore l’image du camarade des « after » car, comme tu le disais, « jamais on ne termine une réunion, une manif sans boire un pot ensemble ». Comme si rester encore ensemble, c’était faire encore durer l’esprit qui nous avait réuni pour atténuer l’attente de la prochaine fois. Et cette image aussi, quand autour d’une tablée ou en réunion, tu tirais de ton inséparable gilet multi-poches, une antique boite métallique de laquelle tu sortais un appareil photo qui fixait la scène des copains présents avec toi. Et aussi ces images du camarade en savates qui avait fait tomber les bottes du motard pour assurer les permanences syndicales de l’UL-CNT de Béthune, dont tu as été le secrétaire plusieurs années de suite et qui par ton engagement sans faille et fraternel te doit beaucoup. Et j’ai encore à l’oreille ce que tu disais de l’engagement militant. Le militantisme ne devait pas être un chemin de croix, mais l’un des sens que l’on peut donner à sa vie et duquel on doit retirer du plaisir. On retrouve là un esprit « 68 » que tu portais toujours très haut. « La révolution est une fête » disais-tu souvent. Mais, désolé, mon pote, aujourd’hui, je n’ai pas d’images de fête en tête. Et je ne suis pas le seul.

Kadé (STICS 59) :

Un des premiers militants CNT que j’ai rencontré à l’époque où j’étais à Béthune, les discussions sur la sérigraphie époque « 68 », la récupération et le nombre de vieux PC au local rue de Lille, le drapeau rouge & noir continuellement planté dans la poche de son blouson (en manie), sa combinaison de moto toujours dans un coin du local, accoudé au zinc d’un bistrot, les paquets de clopes « Che » qu’il laissait trainer ou qui trônait au dessus du tableau (promis, le dernier, s’il y est encore, je le laisserai), la réalisation du DVD sur Mai 68 à mon époque béthunoise. Pis quand on t’engueulait pour pas que tu repartes sur ta bécane après des soirées arrosées. Allez tchao poto, fais un bécot aux copains et copines là-haut, passe le bonjour à Philippe. Au revoir camarade, fier chevalier de l’anarcho-syndicalisme, défendant la justice sociale, grimpé sur ton cheval mécanique dans ton armure de cuir, brandissant ton étendard rouge & noir frappé du chat hérissé. La Leffe n’aurait pus vraiment la même saveur dorénavant.

Olivier S. (SSEC 59/62) :

La faucheuse, cette garce, aura donc eu brutalement raison de toi, Chris, notre pote. Ce soir, les mots me manquent et les souvenirs se bousculent, difficiles à démêler. Nous sommes nombreux à avoir du chagrin, camarade. Tu es l’un des premiers à m’avoir accueilli, lorsqu’il y a déjà quelques années de cela, j’ai poussé pour la première fois la porte de la CNT à Béthune, à l’époque où notre QG se trouvait rue de Lille. Dès ce moment là, j’ai tout de suite su que je me sentirais bien en ta compagnie. Tu étais toujours là pour les copains, donnais sans compter. Toujours prêt pour une manif, une grève, et surtout pour partager un bon moment avec tous les camarades. Tu mettais un point d’honneur à être toujours jovial, même lorsque la vie n’était pas facile. Pour toi, la révolution serait festive ou ne serait pas, comme tu aimais à nous le rappeler souvent. Tu cultivais l’esprit révolutionnaire et libertaire de 68, celui des Diggers et des Yippies, qui donnait du sens à ton combat. C’était toujours rassurant de voir ta haute silhouette dans une manif ou un rassemblement, de t’avoir à nos côtés et de profiter de tes conseils éclairés. J’ai du mal à organiser mes pensées, les anecdotes se mêlent aux images. Motard, tu aimais aussi le bon rock et notamment celui des 70’s. Et et je me rappelle la fois où tu m’as dit, les yeux pétillants, que tu avais pu voir Hawkwind à Lille à la grande époque, celle où Lemmy y faisait gronder sa basse. Mais ce soir, Chris, je peux te dire que je traîne un putain de blues bien sombre qui ne me lâche pas… One more fucking time… Ce sont toujours les plus gentils qui partent en premier. Putain de logique…

Séb (STICS 62) :

Des gentils, il n’y en a pas beaucoup. Et quand on a la chance d’en connaitre un, on nous l’enlève… C’est injuste, je suis triste.

Cédric & Sophie (SSEC 59/62) :

Chris, tu faisais partie des militants cénétistes qui nous ont accueillis à notre arrivée sur Lille il y a 10 ans maintenant. Et si notre investissement s’est réduit depuis quelques années à quelques manifestations, c’est toujours avec un grand plaisir que nous te retrouvions. Toujours présent, toujours souriant, toujours chaleureux et bienveillant, tu vas beaucoup nous manquer. Bien fraternellement, Cédric et Sophie.

Romain (STT 59) :

C’est triste. Un type qui redonnait la patate pour militer à chaque fois que je le croisais au local de la CNT ou à Wazemmes.

Sébastien (SSEC 59/62) :

Mes sincères condoléances à toute la famille et ami-e-s de Chris, la mort ne prévient jamais quand elle arrive et elle vient toujours trop tôt…

Aldo (SSEC 59/62) :

À Chris, souvenirs indéterminés mais récurrents : « Mort aux vaches ! » et mèche folle ! C’est Chris qui pénètre à reculons dans un improbable café ! Il apostrophe un quidam qui détale dans la rue. Suivi d’un de ses frères apaches, il se fraie un passage magnétique et s’arrime au comptoir, entre deux ventrus résignés. Commande deux bières. Enfant de la nuit. N’autre nuit. Trompe la mort. Il a survécu à plusieurs révolutions, une grande et mémorable manquée mais pas pour tout le monde et tant d’autres méconnues ou oubliées. Colonne des zincs. Il sermonne provoque les prolos « sobres du ciboulot et désintoxiqués de la braguette ». Et balance, chopes après chopes, des barbarismes, des lapsus incendiaires sur tout ce qui bouge entre les parenthèses de ses rêves. Chaque semaine en franc tireur salarié, retraité hebdomadaire, il rameute au hasard de ses bordées des lascars de fortune. Il les saoule de paroles et les invite à réinvestir avec lui l’espace public nocturne. Pédagogie des zincs. Ils trinquent, trinquent à la Sociale, à la maison du peuple, à Bakounine, et puis s’en vont chargés pour la nuit affronter les bourgeois et leurs milices. Pour célébrer, perpétuer, toujours indemne, sa guerre civile permanente en sifflant quelques bières amères.

Luc S. (STICS 62) :

Un esprit aussi sain est forcement une cible de choix pour les bactéries. On va maintenant devoir faire sans ta discrète, joviale, motivante, bienveillante, rassurante et indéfectible présence. J’espère que t’as pu mettre la cravate avant de montrer ton cul à la mort !

André (SSEC 59/62) :

Chris est parti et grande est notre peine. Mais l’esprit qui était le sien est encore en nous : jamais soumis, toujours debout.

Laurent (STICS 59 / STT 59) :

Chris est décédé. Mes pensées vont à ses proches, ses copains. Je suis triste de voir partir quelqu’un avec lequel je militais depuis une quinzaine d’année. La mort est dégueulasse !!!

Guillaume (STT 59) :

Je ne suis adhérent que depuis peu de temps de la CNT, et je n’ai encore quasi rencontré personne… Mais de voir cet élan massif de solidarité et de compassion envers votre camarade Chris m’indique que j’ai rejoint plus qu’un syndicat : j’ai l’impression de voir une grande famille en deuil. Sincères condoléances à la famille et aux proches de ce militant.

Éric (SSEC 59/62) :

Christian, mon frère, tu es parti trop tôt. Du haut de ta haute silhouette, tel un Don Quichotte rouge et noir, tu ne craignais ni les politiciens qui peuplent les beffrois, ni les patrons, ni les fachos ! De la cité de Buridan à celle de Gayant, du marché de Wazemmes aux troquets de Moulins, des pavés que tu foulais par tous les temps dans l’espoir d’un monde nouveau aux réunions où tu nous faisais partager tes réflexions et ton savoir, des pots de l’amitié que tu nous offrais sans compter à ton engagement syndical opiniâtre, ouvert, constructif et réfléchi… camarade, tu vas nous manquer !

D’autres hommages à Chris sont publiés sur le site de la CNT Lille.

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris hier dans la soirée le décès de Christian. Il était un camarade proche que beaucoup d’entre nous avions côtoyé lors de nombreuses luttes dans la région.
Nous adressons à sa famille et à ses proches toutes nos amitiés. Chris était de tous les combats révolutionnaires, toujours présent lors des mobilisations et dans les mouvements sociaux. Militant de la CNT, Christian était aussi bien connu pour son éternelle joie de vivre et sa sympathie.
Il avait pour ses proches et ses amis une générosité et une amitié que nous lui apprécions tant.

Nous avons perdu là un camarade et un ami.

Salut à toi Chris,
La lucha sigue !

Action Antifasciste NP2C.

 

À nos camarades de la CNT SSEC 59/62, à la famille et aux proches de Christian :
Chères et chers camarades, c’est avec tristesse que nous avons appris le décès de Christian Somerlinck, collègue, camarade de la CNT et ami avec qui nous avons partagé bien des indignations et bien des luttes. Les militant-es de SUD éducation Nord Pas-de-Calais et notre syndicat s’associent pour présenter leurs sincères condoléances à la famille de Christian, à ses ami-es et proches, et à toute-s les camarades aujourd’hui peiné-es de cette nouvelle. Salut à toi, camarade. Salutations révolutionnaires à tou-te-s.

SUD éducation Nord / Pas-de-Calais


Squatt

Nous avons voulu vous conter cette petite histoire pour qu’elle ne reste pas sans mots. Mais elle n’a rien d’extraordinaire, rien d’exceptionnelle. Des débordements qui surgissent quand des personnes s’organisent pour prendre leur existence en main, il y en a partout et tout le temps dans les moindres interstices du pouvoir.

Ça fait presque 2 mois que nous occupons un bâtiment appartenant à l’institut Pasteur à Lille, vide depuis plus de 6 ans. Pendant plusieurs semaines, nous avons fait quelques travaux pour nous sentir chez nous en rénovant les chambres : certaines tapisseries d’une autre époque ont été enlevées ou remplacées, certains murs ont été assainis, une cloison a
été montée et d’autres petites choses ont été installées. Nous avons aussi aménagé un grand salon avec une cuisine nous permettant de vivre sereinement à plein ! En plus de ça, nous avons maintenant des espaces collectifs permettant d’accueillir plusieurs activités, notamment une salle de cinéma, un bar, une salle de concert et d’autres choses si nous
en avons envie.

Nous pouvons donc dire que nous sommes plutôt bien installés et comptons bien y rester le plus longtemps possible. Et pour cela, ce n’est pas la fameuse insalubrité inventée par l’institut pasteur qui nous fera partir, mais bien la bleusaille. C’est pourquoi quelques précautions ont été prises pour qu’elle ne puisse rentrer facilement, en témoignent leur
deux essais infructueux.

La première fois qu’ils sont venus, c’est de façon illégale le 17 décembre. Cela se déroule en deux temps : un, officieux, où une première équipe de flics est chargée de faire ça rapidement, autant dire qu’elle n’est pas là pour réfléchir. Coup de pied dans une barricade alors que le flic est en équilibre sur une barre métallique au dessus d’une
verrière. Il échoue évidemment. On se demande si on va pas retrouver un bleu mort dans nos chiottes 4 mètres plus bas, mais les flics partent rapidement. Alors vient le deuxième temps : les proprios reviennent en grandes pompes dans l’après-midi accompagnés de 40 flics, BACeux, RG, huissiers et compagnies en espérant nous expulser illégalement. Les
flics posent le bélier devant la porte pour nous signifier qu’ils en ont des grosses. Malheureusement pour eux, ils ne savent pas par où commencer – il faut dire que le bâtiment est plutôt bien protégé – et après deux heures d’intenses réflexions de leur part, ils repartent bredouilles, n’ayant pas eu l’autorisation d’opérer illégalement sur un carrefour hyper visible, juste à l’entrée de la ville.

Nous sommes plutôt contents de leur échec, mais sommes assez impressionnés du déploiement et de leur réactivité. Il faut dire que le bâtiment est situé à un endroit stratégique pour eux, le centre de recrutement de la gendarmerie se trouve à quelques mètres, d’ailleurs les schmidtts sont des vieux habitués du quartier : ce qui est aujourd’hui la maison de l’emploi était autrefois le commissariat central et les bars du coin sont toujours très mal fréquentés. Nous décidons alors d’utiliser cet atout pour placer une banderole signifiant notre occupation et notre volonté de prendre de la place dans le quartier.

Forcés cette fois de suivre la procédure, les proprios font appel aux huissiers, qui viennent nous rendre visite plusieurs fois. Dès le lendemain du déploiement de keuf infructueux, deux huissiers se pointent pour constater l’occupation et nous demandent nos noms. Costards sur mesure, cheveux gominés, le teint frais, on vient pas du même monde c’est clair. Ils tentent quand même de faire une petite blague quand on leur dit que c’est Bruce Willis qui habite là. Nous on rit pas. Quelques semaines plus tard, le plus puant des deux revient tout seul (même pas peur) prendre en photo la serrure. Toujours le même sourire arrogant. On n’a à peine le temps de réagir qu’il est déjà parti.

Mardi 27 janvier, les deux mêmes huissiers se repointent. Toujours au top. Par contre cette fois ils ne sont pas tous seuls. Quelques flics les accompagnent, ainsi que deux serruriers, tous se font plutôt discrets. Ils pensent qu’il n’y a personne dans la maison, et ne prennent pas la peine de sonner. Par chance les deux habitants présents à ce moment là les voient et descendent mettre les barricades. Ils remontent et se pointent à une fenêtre pour demander aux huissiers ce qu’ils viennent faire là. Très évasifs, la seule réponse obtenue est « on veut discuter, mais on discute à l’intérieur », comprenez : « on
vient prendre vos identités, et si vous nous laissez pas entrer, on entrera tous seuls ». Sur ce, les serruriers commencent à attaquer la porte. Heureusement pour nous, il s’avère assez rapidement que ce sont deux gros branquignoles. Pendant qu’ils essayent l’arrache-serrure, puis le pied-de-biche, le tournevis, la perceuse, etc., les habitants ont le temps d’appeler quelques copains en renfort. Du monde commence à se rassembler sur le carrefour, pendant que la bleusaille arrive plus nombreuse également. Dehors, on décide de s’approcher et de se mettre bien en face de la maison, histoire de mettre la pression aux flics et aux serruriers, qui font de plus en plus d’efforts inutiles. On les traite à mort, les gens du quartier sortent et nous rejoignent. Entre les gosses qui attendaient leur bus, les gens qui sortaient de la mission locale et les jeunes du quartier, ça fait du monde qui se croise et qui décide de rester juste par solidarité et haine des keufs. Ça crie, ça se moque, pendant ce temps les habitants menacent les serruriers avec une bouteille de pisse. Ils n’y croient pas trop, ils auraient dû. Ils se prennent d’abord quelques gouttes, puis une
bouteille entière sur la face, puis une autre. En tout, ça fait quelques litres bien odorants qui atterrissent sur les serruriers et les huissiers, pendant que les flics se reculent bien sagement de la porte.

Eux sont pas trop solidaires de leurs potes pour le coup. Vu le succès qu’a rencontré l’urine auprès des gens dehors, ça enchaîne direct sur la compote, puis le pain sec, qui atterrissent sur les boucliers de CRS venus protéger les serruriers. Sauf que travailler
entourés de flics-parapluies, imbibés de pisse et de bouffe alors qu’il caille à mort et que tu te fais traiter par 50 personnes, ça aide pas à la réflexion. Bref, plus de 2h plus tard, les serruriers lâchent l’affaire en ayant bien entamé la porte, mais pas assez pour la faire céder. Les coups de masse et de bélier des flics désespérés ne l’ont pas fait bouger. Les serruriers et la BAC se tirent les premiers, les bleus commencent à partir, nous on sent la victoire, on est de plus en plus déchaînés. Ça crie à mort, ça traite les keufs, les habitants craquent un fumigène à la fenêtre, c’est vraiment beau à voir. Des pétards font sursauter les flics, qui font plus trop les malins. On s’apprête à se disperser quand une nouvelle patrouille de BAC débarque pour contrôler des jeunes du quartier. Illico les gens encore présents avancent sur eux, les entourent, leur disent de dégager. Ils appellent du renfort, le contrôle se termine tranquille et ils finissent par tous se barrer rapidement. Nous on rejoint notre case, on tente d’ouvrir notre porte qui est bien abîmée. On ouvre, on visse, on soude, des gens du quartier sont encore là, nous filent un coup de main, viennent tchatcher de la maison, ou juste nous regardent reprendre possession des lieux.

Nous disons petite victoire, cela ne veut pas dire que les flics ont perdu, on a juste gagné du temps. Mais nous n’avons pas gagné que ça. Nous parlons de victoire, parce qu’au moment où les flics sont partis, nous avons tous compris qu’ils partaient en parti grâce à cet aller-retour entre les habitants et les gens dehors. Nous avons aussi gagné une énergie folle, une énergie qui est assez rare, mais qui a duré jusqu’au soir, où même l’ambiance du quartier n’était pas comme d’habitude. Cette énergie a traversé toutes les personnes présentes qui étaient contre la police. Pendant cette émulation, les gens dehors parlaient contre les flics, mais parlaient aussi entre eux, c’était une discussion libérée, libérée dans le sens où l’hétérogénéité des personnes aurait fait que dans une situation normale personne ne se serait parlé. C’est cette situation anormale qu’il faut savoir prolonger, cette énergie qui doit nous aider à multiplier ces situations.

C’était nouveau pour nous de ressentir un vrai soutien du quartier, de voir les gens dans la rue se les peler tout l’aprem pour rester discuter, voir comment ça va se passer. Du coup on a voulu essayer de s’emparer de ça, de rencontrer les gens dans un contexte plus serein, et on a décidé d’organiser une grosse bouffe chez nous une semaine après ces événements.

LA MANGOUSTE, LILLE


 Violences policières Rroms

Suite au comportement scandaleux des policiers de la BAC contre les Rroms du « camps » des 4 cantons à Villeneuve d’Ascq, réagissons massivement :

Manifestation contre les violences de la BAC contre les Rroms
Mercredi 11 février 2015
Place de la République à Lille à 18 h

Le dimanche 8 février vers 22 heures, 4 policiers de la Bac en civil sont intervenus dans le « camp Rrom ». Visiblement éméchés, ces policiers se sont mis immédiatement à gazer les gens qui s’approchaient, surpris d’une telle intrusion. Ils s’en sont pris ensuite aux enfants jusqu’à ce que des adultes les repoussent du camp. Les policiers ont alors sorti leur révolver et ont tiré des coups en l’air.

Ils ont ensuite appelé leurs collègues qui sont immédiatement arrivés. Ce sont ces collègues en uniforme qui ont mis fin à l’accident en « engueulant » les policiers de la BAC et en les emmenant avec eux.
Le bilan de ces actes ignobles reste : un enfant étranglé, une personne frappée aux yeux, plusieurs autres brulées par le gaz, de nombreuses familles et enfants choqués.

Ces pratiques barbares ne sont pas dues au hasard. Elles sont le résultat de la politique de désignation des Rroms comme nouveau bouc émissaire de la part du gouvernement actuel et plus particulièrement de Valls. Ce dernier déclarait, en effet, le 14 mars 2013 : « Les occupants des campements ne souhaitent pas s’intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu’ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution. »

Rappelons également que se sont déjà 138 lieux de vie Rroms qui ont été détruits et 13 483 personnes expulsées de leur habitation, dont 14 « camps » et 660 personnes pour notre région. Ces expulsions banalisent l’idée que les Rroms sont un problème et sont dangereux, alors qu’ils sont en danger. Elles constituent une véritable « politique de la race » désignant une population précise à la vindicte publique.

IL FAUT RÉAGIR MASSIVEMENT ET IMMÉDIATEMENT
Nous exigeons que la clarté soit faite sur ces actes ignobles et que les policiers concernés soient jugés et radiés immédiatement.

« Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Albert Einstein

Front Uni des Immigrations et des Quartiers Populaires (FUIQP)
Comité des Sans-Papiers 59 (CSP)