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Feu d’artifice ce soir devant la prison de Sequedin, en solidarité avec tous et toutes les interpellé-e-s dont Antoine, militant CGT arrêté pour rien le 17 mai à la manif contre la Loi Travail à Lille.

Actuellement en détention provisoire jusqu’au procès le 9 juin. Il s’est débattu pendant son interpellation et il est accusé de violence envers les flics.

La solidarité est notre arme !!

Libérez Antoine !

Publié: 23 Mai 2016 par ironstack dans Antifascisme, Infos, Rendez vous, Syndicalisme
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#LibérezAntoine

Libérez Antoine

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Soirée La Mangouste LilleSoirée de soutien à la caisse de soutien aux prisonniers à la Mangouste le 21 février à 20h30 (Lille) :

Plaine Crasse (anarchopunk hxc),
Embuscade (oi),
Douche froide (post-punk),
René Binamé (punk),
CC crack corn (country cajin),
DJ ACAB (oldstyle)
et grande tombola avec de nombreux lots !

 


Ban Public a maintes fois alerté l’opinion publique sur la situation que vivait Chloé Vilain, transsexuelle incarcérée (http://prison.eu.org/article12179.html) au centre de détention de Caen.

Plusieurs associations ont été sensibles à la situation de Chloé et se sont jointes aux actions engagées.

A tel point que le Contrôleur général des lieux de privation de liberté a émis un avis [1] sur la situation des transsexuelles incarcérées qui subissent ces peines complémentaires que sont les humiliations, la négation de leur identité féminine, la surdité du corps médical.

Il s’agit bien de peines et souffrances insupportables dans le cas de Chloé.

Appelée « la chose  » ou encore « le monstre  » par certains surveillants de cet établissement, elle est régulièrement victime de toutes les vexations, et comportements contraire à la déontologie que le législateur a pris soin d’édicter.

Si dans un premier temps, son transsexualisme était bestialement rejeté par les personnes incarcérées à ses côtés (elle aurait été violée 3 fois en détention), aujourd’hui tous les hommes de la prison l’ont acceptée et la respectent. A tel point qu’elle est responsable de son équipe au sein des ateliers de l’établissement pénitentiaire.

Mais le corps de surveillance n’est pas aussi « réceptif » : des insultes, des noms d’oiseau sont quotidiens, auxquels il faut ajouter les vexations (refus d’achat de type soutiens gorges, maquillage, teinture etc.) qui couvrent les bons de cantine…ou même les courriers de l’un de ses avocats (à titre d’exemples : sur un bon de cantine, à l’achat d’une chemise de nuit, il a été rajouté la remarque « avec des pompons roses ? », blagues de potaches inadmissibles pour du personnel pénitentiaire en charge d’assurer la réinsertion des personnes condamnées) ; rature sur l’enveloppe de son avocat qui avait indiqué « Mademoiselle Chloé  » (Mademoiselle fut barrée etc).

Dernière attitude de l’administration de cet établissement : une volonté manifeste de la transférer vers une autre prison alors que c’est le seul établissement où elle a pu rester plusieurs années consécutives, se faire accepter et trouver un conjoint.

Chloé ne pose aucun problème en détention. Elle ne porte aucun vêtement féminin (proscrits dans cet univers masculin…alors qu’elle dispose d’un certificat médical pour en porter, et que ces vêtements ont beau lui être interdits, ils sont portés par le personnel féminin pénitentiaire !), ne porte aucun accessoire « outrancier » ou pouvant « aguicher » les hommes de l’établissement.

Elle vit sa vie, de recluse criminelle, à l’ombre de tout incident.

Elle veut vivre, accomplir sa peine, en tant que femme mais elle en est empêchée.

Empêchée d’une part par le corps médical en charge de l’examen de sa demande de changement de sexe (ses premières automutilations remontent à plus de 7 ans et aucune opération définitive n’est intervenue !), mais aussi par une administration où la virilité, la bêtise, et la bestialité de l’humanité semblent être les maitres mots.

« C’est inhumain de la laisser dans une telle situation de souffrance » rapportait un surveillant de cet établissement à Ban Public.

S’automutilant régulièrement tant qu’on ne lui aura pas enlever totalement ce qu’elle appelle elle-même « ce truc  », le corps médical en charge d’examiner sa demande vient de la rejeter après plus de 28 mois d’attente- contre 24 mois prévus par les textes. « Dites-moi où est l’entrée du cirque que je puisse m’y exhiber ! » écrit Chloé à un des médecins la suivant.
Contacté par nos soins, plusieurs transsexuelles nous ont indiqué que cette brillante équipe serait composée « d’anti-trans primaires qui n’hésitent pas à écrire que « ce sont des êtres qui une fois terminées ne ressemblent à rien. » » Après 6 années d’hormonothérapie, elle est donc prétendante à l’opération, mais au sein de cette équipe « on peut laisser jusqu’à dix ans des trans sous Androcur et hormonothérapie, s’ils ne crèvent pas avant avec un foie en béton, ce sont de bons candidats à l’opération  ».

Pacsé avec un homme du même établissement, celui-ci devient désormais l’objectif pour faire craquer Chloé.
« Monsieur, le problème pour votre réinsertion, c’est Chloé  », a-t-il pu entendre. « Vous serez plus heureux quand elle sera partie. Il faut qu’elle soit transférée. »
Alors que l’exécution de la peine doit assurer le maintien des liens familiaux et qu’implicitement le Tribunal administratif de Paris a admis que deux détenus, pacsés et exécutant leur peine dans la même cellule ont droit à une vie de famille normale, au sens de l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme.

L’autorité judiciaire de Caen n’est pas non plus empreinte de toute critique [2].

L’administration n’en veut plus : l’opération ayant été refusée, elle reste un homme en vertu de son sexe, et en dépit de son changement d’identité civile. Son genre n’est donc jamais pris en considération. C’est un paquet encombrant qu’il convient de ne plus croiser dans les couloirs de cette prison, que le transsexualisme et l’homosexualité dérangent (http://prison.eu.org/spip.php?article13625).

Chloé doit-elle davantage subir la peine prononcée par les juridictions de jugement ?
Elle qui a été violée, agressée, rackettée, manipulée, maltraitée, insultée, mourante par deux fois, s’est faite une vasectomie elle-même, s’est découpée ses testicules pour que le traitement hormonaux agisse mieux, qui a perdu la moitié de la vue, s’est vue entendre dire qu’elle était la transsexuelle qui avait le plus souffert pour arriver au protocole médicale.

En dépit de cela, et contrevenant aux expertises de deux psychiatres, l’opération définitive lui a été refusée.

Dès lors, si les vexations et insultes quotidiennes paraissent sans conséquences face à la douleur physique ressentie, à ce jour, elles ne peuvent qu’accabler davantage Chloé.

Ban Public réaffirme son indignation quant aux comportements allégués et à l’inhumanité dont font manifestement preuve le corps médical en charge de l’examen de la demande de Chloé, ainsi que le personnel de surveillance du Centre Pénitentiaire de Caen, non exempt de précédents (http://prison.eu.org/spip.php?article13625).

Ban Public demande que les autorités saisies agissent au plus vite afin que toute la lumière soit faite dans ces affaires et que Chloé puisse exécuter sa peine dans des conditions sereines.

Ban Public exige que l’administration pénitentiaire prenne ses responsabilités quant au comportement du personnel de Caen.

Ban Public affirme
 que le transfert de Chloé ou de son partenaire aura des conséquences dramatiques pour l’un comme pour l’autre.

Ban Public rappelle que «  le droit ne s’arrête pas aux portes des prisons.  » (Cour EDH, Ch. 28 juin 1984, Campbell et Fell c. Royaume-Uni, Req. n° 7819/77 § 67-73)

Ban Public rappelle également que :
1. Les propos, insultes, menaces et discriminations en raison de l’orientation sexuelle sont punis par la loi pénale.
2. Le code de procédure pénale impose aux personnels pénitentiaires d’agir avec respect à l’égard des personnes incarcérées.

Les articles D219 et D220 du Code de procédure pénale disposent :
• Les membres du personnel doivent, en toute circonstance, se conduire et accomplir leur tâche de telle manière que leur exemple ait une bonne influence sur les détenus et suscite leur respect.
Ils doivent s’abstenir de tout acte, de tout propos ou de tout écrit qui serait de nature à porter atteinte à la sécurité et au bon ordre des établissements et doivent remplir leurs fonctions dans des conditions telles que celles-ci ne puissent préjudicier à la bonne marche des procédures judiciaires
.[…] (D219 CPP, al.1 et 2)
• Indépendamment des défenses résultant de la loi pénale, il est interdit aux agents des services déconcentrés de l’administration pénitentiaire et aux personnes ayant accès aux établissements pénitentiaires :
– de se livrer à des actes de violence sur les détenus ;
– d’user, à leur égard, soit de dénominations injurieuses, soit de tutoiement, soit de langage grossier ou familier
 […] (D220, al.1 et 2)

La loi du 24 novembre 2009 dite loi pénitentiaire a créé un code de déontologie à l’égard du personnel pénitentiaire dont les articles suivants sont issus :
• Article 3
L’administration pénitentiaire s’acquitte de ses missions dans le respect de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, de la Constitution, des conventions internationales, notamment la convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, et des lois et règlements.
Les valeurs de l’administration pénitentiaire et de ses membres résident dans la juste et loyale exécution des décisions de justice et du mandat judiciaire confié et dans le respect des personnes et de la règle de droit
.

• Article 6
Tout manquement aux devoirs définis par le présent code expose son auteur à une sanction disciplinaire ou au retrait, dans les conditions fixées par le code de procédure pénale, du titre en vertu duquel il intervient au sein des services de l’administration pénitentiaire, sans préjudice, le cas échéant, des peines prévues par la loi pénale.

• Article 13
Le personnel qui serait témoin d’agissements prohibés par le présent code doit s’efforcer de les faire cesser et les porter à la connaissance de sa hiérarchie. Si ces agissements sont juillet constitutifs d’infractions pénales, il les porte également à la connaissance du procureur de la République.

• Article 15
Le personnel de l’administration pénitentiaire a le respect absolu des personnes qui lui sont confiées par l’autorité judiciaire et de leurs droits. Il s’interdit à leur égard toute forme de violence ou d’intimidation. Il ne manifeste aucune discrimination. Il ne doit user ni de dénomination injurieuse, ni de tutoiement, ni de langage grossier ou familier. Il manifeste le même comportement à l’égard de leurs proches.

Ban Public rappelle la position de Thomas Hammaberg, Commissaire aux Droits de l’Homme dans son document « droit de l’Homme et identité de Genre » du 29 juillet 2009 et ses recommandations aux Etats membres, dont la France, pays des droits de l’Homme, n’a guère fait application

Ban Public alerte toutes les autorités compétentes, tous les journalistes, et tous les citoyens pour que cette situation soit dénoncée.

Contact Presse :
redaction@banpublic.org

[1] On peut regretter toutefois que le législateur n’est pas rendu les avis du contrôleur contraignants

[2] Si elle est parfois prompte à poursuivre devant les tribunaux le comportement de certains détenus, il est à noter que depuis un an, Ban Public a été avisé d’une part de poursuites sur une infraction imaginaire (entrainant la nullité des poursuites contre le détenu et mettant à néant son projet de transfèrement), ou d’un classement sans suite pour les insultes subies par deux détenus de l’établissement.
Pourtant, la Constitution ne lui indique-t-elle pas qu’elle est gardienne de la liberté individuelle ?
Ajoutons à cela, une application des peines qui rejette tous les aménagements de fin de peine (alors qu’il est démontré que c’est la meilleure solution pour lutter contre la récidive et assurer les intérêts de la société et des condamnés), qui refuse une demande de permission de sortie alors qu’un certificat médical est produit, mais aussi un tribunal administratif qui est sourd aux demandes des prisonniers (froid glacial dans les cellules disciplinaire et refus du tribunal administratif pour faire constater ces conditions, absence de notifications de décisions de sanction empêchant tout recours devant les tribunaux, détenus faisant office de gardes malades etc.)


Infokiosques.net : Y a du baston dans la taule

Publié: 31 octobre 2010 par luttennord dans Infos
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Y A DU BASTON DANS LA TAULE

(Vol1) Récits de mutineries
(Vol 2 & 3) Chronologies des mutineries dans les lieux de détention français (≈1820-2010)

Une histoire partielle et partiale des luttes anticarcérales en deux temps : un premier volume constitué de récits de mutinerie, où les mutins nous offrent leur point de vue, et deux volumes consacrés à une chronologie de ces luttes des années 1820 à nos jours. Mettant l’accent sur les luttes collectives, ces brochures répondent à l’envie de lire l’histoire à travers des événements cristallisant les rapports de force qui caractérisent chaque situation de détention. De la réappropriation des lieux à la prise de parole, chacun de ces mouvements représente un obstacle potentiel dans les rouages toujours plus huilés de la machine carcérale. Des mouvements qui, comme les détenus, restent étouffés derrière les murs des prisons, pour en nier la portée. Mais l’union faisant la force et décuplant les volontés, de la sujétion au statut du sujet il y a un fossé que la lutte collective aide parfois efficacement à franchir.

 

Volume 1 : Récits de mutins et d’une mutine
Volume 2 : Chronologie des mutineries dans les lieux de détention français (1820-1987)
Volume 3 : Chronologie des mutineries dans les lieux de détention français (1988-2010)

 


Manifestation contre les centres fermés, les prisons, les frontières et l’état à bruxelles (belgique) le vendredi 1er octobre

Contre le nouveau centre fermé à Steenokkerzeel Descendons dans la rue :

POUR UN MONDE SANS CENTRES FERMES NI PRISONS

Parce que les multiples révoltes ces dernières années dans les centres fermés ont mis à nu ce qu’ils sont réellement : des camps de déportation à partir dessquels l’Etat expulse ceux qu’il juge indésirables ; ceux qui espérant fuir la guerre et la misère se sont retrouvés exploités au noir, traqués par la police, classés par des bureaucrates qui décident de leur « existance légale ».

Parce que le sort auquel sont réduits les « sans-papiers » n’est qu’un reflet de ce qui guette tous qui galèrent pour joindre les deux bouts face à des conditions de vie de plus en plus dures, tenus en laisse par la sécurité sociale ou l’économie informelle.

Parce que nous sommes tous directement concernés lorsque nous acceptons de vivre dans un monde qui toujours plus catégorise, sélectionne, enferme, élimine selon ses besoins sociaux et économiques.

Parce que les évasions et les mutineries dans les centres fermés et les prisons, comme les attaques et sabotages contre la machine à expulser et à enfermer, sont autant de lueurs d’espoir pour ceux qui luttent, dedans comme dehors, contre tout ce qui nous opprime.

POUR UN MONDE SANS FRONTIERES NI ETAT

Parce que si nous nous battons contre les lieux d’enfermement et d’exploitation (centre fermé, prison, école, travail…), ce n’est pas pour les améliorer mais pour les détruire.

Parce que les frontières ne peuvent exister sans le racisme qui nous monte les uns contre les autres ; parce que les frontières, c’est aussi l’enfermement dans des communautés basées sur la religion et le nationalisme.

Parce que les fameuses régularisations de sans-papiers ne font que créer des séparations et des hiérarchies entre ceux qui rentrent dans les normes d’intégration et répondent aux besoins de l’économie et ceux qui sont réduits à la clandestinité.

Parce que la machine à expulser ne peut fonctionner sans les entreprises qui s’en foutent pleins les poches (Besix, Valens, Sodexo, Dalkia, ISS Cleaning, Banque de la Poste, SN Brussels Airlines, Air Maroc,…), sans les institutions qui s’occupent du tri entre ceux à exploiter ici et ceux à renvoyer là-bas (l’Office des Etrangers, Fedasil, la Croix-Rouge, tous les partis politiques sans distinction…)

PARCE QUE NOUS NE NOUS BATTONS POUR RIEN DE MOINS QUE LA LIBERTE

1 octobre 2010 à 19h Gare du Midi – Bruxelles

PJJ : Des vigiles dans les foyers

Publié: 4 décembre 2009 par luttennord dans Infos
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Déclaration de la section CNT PJJ 93

Des vigiles dans les foyers ! Et pourquoi pas des foyers dans les commissariats ?

Lors du dernier collège de direction de la protection judiciaire de la jeunesse de Seine Saint-Denis (lundi 23 novembre 2009), le directeur départemental a informé les directeurs de service de son intention de placer des vigiles dans les structures d’hébergements qui rencontrent des difficultés.
Personne ne pourra nier l’existence de ces difficultés : les postes ne sont pas remplacés, il y a de plus en plus de personnels précaires et les moyens sont mis en priorité vers les structures d’enfermement. Il n’y aurait donc pas de moyens pour maintenir les personnels en nombre suffisant pour un bon fonctionnement par contre, la direction départementale trouverait des budgets pour financer des vigiles. Pour quel projet éducatif ?
Sans parler du discrédit porté sur les équipes qui prennent en charge les adolescents. Il a aussi annoncé son intention de financer des séjours de rupture dans les Pyrénées Atlantiques pour les jeunes posant des problèmes dans les structures d’hébergement.
Le soleil du Sud Ouest taperait-il si fort au point qu’il modifierait le comportement des adolescents ? Nous pouvons nous interroger sur le projet porté pour le département de Seine-Saint-Denis. Car en effet, cette annonce vient s’ajouter à celle de la disparition des services d’insertion au profit de « plateaux techniques d’offre » d’activités, la disparition d’Espace Vie Adolescence, qui mettra un terme à la prise en charge anonyme de jeunes filles en difficulté. Un anonymat qui est aussi un moyen de protection.
La mutualisation des moyens et le respect des dernières circulaires (notamment pour l’insertion) ne ne sont qu’un prétexte pour justifier de telles orientations qui pourraient balayer en quelques mois la richesse de projets portés depuis des années sur ce département. Si nous voulons préserver la qualité d’un travail d’accompagnement au profit des jeunes pris en charge, il est temps d’arrêter le dialogue social et de passer à l’action !

Le 29 novembre 2009

Fleury-Mérogis filmée de l’intérieur

Publié: 18 décembre 2008 par luttennord dans Infos, Vidéos
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Fleury-Mérogis filmée de l’intérieur
LE MONDE | 18.12.08 | 11h20 • Mis à jour le 18.12.08 | 12h26

Une plongée exceptionnelle dans une prison française. Des détenus de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), la plus grande d’Europe, ont réussi à introduire une mini-caméra et ont filmé pendant plusieurs mois, à l’intérieur de leurs cellules, dans les douches et dans la cour de promenade. De ces 2 h 30 de vidéos tournées en cachette, auxquelles s’ajoutent plus d’une centaine de photos, ressort un témoignage brut sur la vie quotidienne en prison. Un récit, de l’intérieur, des conditions de détention, avec ses locaux dégradés et surpeuplés, ses tensions et ses violences, la débrouille du quotidien mais aussi ses rires et ses instants de solidarité.

Les vidéos originelles, que Le Monde a pu visionner et faire authentifier par plusieurs sources, ne comportent pas de révélations spectaculaires mais confirment, avec la force de l’image, ce que dénoncent régulièrement les rares autorités indépendantes autorisées à pénétrer dans les prisons françaises. Les détenus à l’origine des vidéos justifient leur démarche par la volonté de dépasser la communication officielle de l’administration pénitentiaire. Après avoir fait sortir leur matériel, ils ont confié à deux réalisateurs, Karim Bellazaar et Omar Dawson, à la tête d’une société de production (I-Screen), le soin de faire un documentaire.

« Quand on est en détention, on voit plein de reportages télé sur les prisons, nous explique un des vidéastes en demandant l’anonymat. Mais ils ne montrent jamais ce qui se passe vraiment parce que l’administration organise les visites et ne montre que les bâtiments en bon état. On s’est dit qu’il fallait montrer l’autre côté de la détention. » Ils mettent aussi en avant leur volonté de casser l’image positive des prisons pour une partie de la jeunesse des quartiers. « Beaucoup pensent qu’aller en prison c’est pas grave et qu’ils en sortiront plus forts. Nous, on veut leur montrer que c’est vraiment la merde et que tu deviens fou là-bas. »

DÉBROUILLE QUOTIDIENNE

L’aspect financier n’est pas absent mais il est présenté comme secondaire par les vidéastes, qui devraient toucher une rémunération si les réalisateurs réussissent à produire leur documentaire : « Je suis pas un héros de la terre, explique notre interlocuteur. On prend beaucoup de risques, et il faut qu’on prépare nos arrières, au moins pour payer nos avocats. »

Les détenus ont longuement filmé les cellules, occupées par deux personnes alors qu’elles ont été conçues pour un seul homme. Au milieu d’un fatras d’affaires, de vêtements, de réserves alimentaires, on les voit lutter contre l’ennui en jouant au football sur une console ou en regardant la télévision. On découvre surtout l’état réel de la maison d’arrêt. Avec, par exemple, des vitres cassées. « Regardez comment c’est la merde en plein mois de novembre. C’est bientôt Noël, on est là, on caille comme des SDF. Même les SDF dehors, ils sont mieux que nous », témoigne un détenu devant sa fenêtre.

L’état des douches apparaît assez catastrophique avec des murs dégradés et couverts de moisissure. « Cela correspond aux constatations effectuées lors d’une expertise dans les douches du quartier disciplinaire », note François Bès, délégué régional de l’Observatoire international des prisons (OIP), en indiquant que la surpopulation carcérale (3 900 détenus pour 2 800 places) contraint l’administration à faire fonctionner les sanitaires quasiment en continu, ce qui limite l’aération. L’association indique recevoir régulièrement des lettres de détenus se plaignant de l’état des douches. Le 4 décembre, un prisonnier s’est plaint, par courrier, des sanitaires « insalubres » avec des « murs gluants ».

Les images mettent en évidence la débrouille quotidienne des détenus. Un prisonnier montre comment il tente d’isoler les WC, derrière des serviettes pendues à un fil, pour obtenir un minimum d’intimité. D’autres expliquent comment ils font chauffer leurs aliments, achetés légalement à la cantine, mais pour lesquels ils ne disposent pas de système de chauffage. On les voit bricoler une plaque électrique avec des boîtes de conserve et des fils dénudés ou utiliser une « chauffe à huile » avec une serpillière imbibée de produit alimentaire inflammable.

Les prisonniers s’arrangent aussi pour faire entrer illégalement téléphones portables et stupéfiants. « Il y a du shit, il y a des téléphones, il y a tout ce qu’il faut », témoigne un jeune détenu. Ils montrent comment circulent les objets d’une cellule à une autre grâce à la technique du « yo-yo ». On les voit découper leurs draps sur la longueur, fabriquer des cordelettes et expédier leur colis à un voisin. Un miroir leur permet de viser à travers les barreaux, tandis que le destinataire attrape l’objet avec une balayette.

Les 2 h 30 d’images comportent une scène ultraviolente d’une quinzaine de secondes. Sous le préau de la cour de promenade, invisible pour les surveillants, des détenus agressent un autre prisonnier, le frappant à coups de pied sur la tête au point de le laisser inconscient. Selon tous les acteurs du monde pénitentiaire, ce type de violences est très fréquent. « A Fleury-Mérogis, comme dans les autres prisons, les lieux qui ne sont pas directement surveillés par les agents sont très dangereux. Il ne se passe quasiment pas une semaine sans qu’il y ait des agressions », souligne M. Bès.

« POUR FAIRE MES MARQUES »

Des détenus ont aussi accepté de témoigner sur la dureté des rapports sociaux au sein de la maison d’arrêt. « Ici, contrairement à ce [que disent] les gens, c’est la loi du plus fort. (…) Chacun a son terrain. (…) Pour faire mes marques, j’ai dû me bagarrer au départ », explique l’un d’entre eux. Plusieurs fustigent le comportement des surveillants, volontiers insultés et accusés de pratiques humiliantes. Sur les images, néanmoins, les deux fois où apparaissent des « matons », leur attitude est cordiale.

Un des détenus interrogés lance un « appel » pour que le public arrête de croire que la prison est un « lieu pour se réinsérer ». « Moi, je me suis fait attraper pour un petit fait, de catégorie correctionnelle. Je suis passé en comparution immédiate, on m’a condamné. Moi, maintenant quand je marche en promenade, je marche avec des tueurs, avec des meurtriers, des trafiquants internationaux. Et je ne vous cache pas qu’à certains moments ça donne envie. »

Les prisonniers ne se font pas d’illusions sur la volonté de l’Etat, même si des travaux de rénovation ont commencé et doivent se prolonger jusqu’en 2014. « Je vous dis ça juste pour que vous soyez au courant. Je dis pas que ça va changer quelque chose », note l’un d’entre eux. Il reconnaît que leur combat à l’encontre de l’opinion publique est difficile. « Les gens disent : Oui, mais c’est des détenus, ils sont en détention, c’est de leur faute, ils ont mérité d’être là-bas, c’est leur problème . »

Lui voudrait faire comprendre le caractère contre-productif, pour la société, des conditions actuelles de détention. « Tous les jours, il y a des gens qui entrent en détention. Mais tous les jours, il y en a qui sortent (…). Quand on subit la détention ici, avec toutes les injustices qu’ils nous font, du début jusqu’au jour de notre sortie, moi je comprends un peu qu’il y en a (…) qui ont plus trop envie de suivre le droit chemin. »

Luc Bronner