représailles : fichage 3 en 1 de zetkin ?
Une petite histoire de fichage, ou comment on ne se méfie jamais assez de la police de Sarkozy.
Dans l’après-midi du 12 octobre 2009, Hortefeux, à Poitiers, annonçait qu’il utiliserait la loi de 1936 sur la dissolution des groupes violents. Loi qui servit à dissoudre le mouvement d’extrême droite OCCIDENT, en 1968.
Le lundi 12 octobre, à 13h, un individu se prétendant de la police de Lille, me téléphonait une convocation pour le lendemain, au 8 boulevard de la Liberté, le bâtiment de la SRPJ. Motif : « courriers anonymes ». L’audition devait durer une heure-et-demie( !)
Prise au dépourvu, je l’informe que je travaille et le rendez-vous est fixé pour le mercredi 14 octobre, 15h.
Courriers anonymes ?
Pour la première fois, j’avais reçu le motif de la convocation. Habituellement, je me demande quels outrages j’aurais pu proférer à mon insu, ou quelles informations je suis susceptible de transmettre par un interrogatoire dévoyé de son but supposé.
La recherche internet sur les courriers anonymes m’indiquait une histoire s’étant déroulée à Roubaix, avec envoi de courrier le 15 septembre à la police, le 22 septembre à Sarkozy.
[http://www.lavoixdunord.fr/actualit…]
L’enquête, menée par la police judiciaire de Lille et la sous-direction anti-terroriste de Paris, laisserait « présager que l’expéditeur pourrait se trouver dans l’agglomération roubaisienne »
Calais-Roubaix : 111km
Très surprise d’être interrogée dans ce cadre là, j’ai songé immédiatement qu’un coup tordu était en préparation. Après diverses conversations, je me rends compte que je dois être la seule aussi éloignée des lieux de l’infraction, à bénéficier d’un rendez-vous avec les policiers de Paris. Quel honneur !
On me conseilla de refuser la convocation sans un écrit.
Relevé d’ADN : jeudi 15 octobre, date de péremption
Sans comprendre en quoi ma petite personne était plus importante que d’autre, je songeais que cette histoire de courriers anonymes était une façon de relever mon ADN, sans en avoir eu la possibilité juridique auparavant. Les policiers à Calais n’ayant jamais eu besoin de relever cette sorte d’indices.
Je décidais de ne pas aller à la convocation du mercredi 14 octobre et exigeais une heure avant le rendez-vous, une convocation écrite qui me parvint l’heure suivante par l’intermédiaire du commissariat de Calais.
« Jeudi 15 octobre, 9h »
Nouveau coup de fil à la SRPJ de Lille pour changer la date.
Quoi vous n’êtes pas contente ?! Vous l’avez votre convoc écrite ! On viendra vous chercher par la force.
Les policiers de Paris en avaient sans doute assez de traîner à Lille. J’étais supposée clore le dossier d’enquête, selon eux. Tout le monde était convoqué ce jeudi-là. Un jeudi indépassable, en fait.
Préliminaires et interrogatoire
Immédiatement au courant de leur volonté de relever mon ADN, sous prétexte de me disculper, je refusais. « Attention, le procureur peut décider une garde à vue ! » Je m’étais préparée de toute façon à cette éventualité.
L’interrogatoire débuta.
ils m’avaient convoquée parce qu’un de mes « articles » indymedia aurait eu comme titre « 23 mai, lille ACAB » (ce qui était faux)
Ils m’avaient demandé précédemment si je connaissais l’acronyme « ACAB »
Je leur avais répondu imprudemment « non… c’est un groupe anti policiers ? »
D’après ce que j’avais cru analyser du type de questions posées, ils semblaient penser que l’un des participants à la manif du 23 mai, était l’auteur des deux courriers envoyés à la police et à Sarkozy. Que ACAB avait une importance pour eux.
J’imaginais alors volontiers qu’un groupe dénommé ACAB s’était organisé pour passer à l’offensive.
Ils m’ont dit aussi que ce n’était pas à Roubaix, que l’info donné dans les médias était fausse. Mais je ne savais pas s’ils me mentaient.
Ils m’ont aussi demandé, en insistant, devant quel commissariat nous nous étions fait contrôler, après la manif du 23 mai. J’ai dit que je n’en savais rien et que j’avais suivi les autres. J’ai dit que ce devait être le commissariat de lille sud. Est-ce que je connaissais le commissariat de La Madeleine ? non.
Selon le genre de questions posées, ils semblaient tenter de mettre en relation le courrier de menace envers la police et le policier que l’on soupçonnerait d’être celui qui aurait filé la liste des militants aux fachos de lille.
Ils m’ont fait écrire la lettre envoyée à Sarkozy. Une lettre nulle.
J’ai très vite dit qu’il ne s’agissait pas d’un militant. L’emploi du « je » au lieu de « nous », pour menacer sérieusement une personnalité était plutôt l’oeuvre d’un mec d’extrême droite.
C’était une lettre vraiment stupide, sans revendication politique. Et je dus expliquer pourquoi je ne jugeais pas grave ce genre de courriers de menaces envers le Président de la République.
Erreurs d’appréciation de zetkin- Retour sur l’interrogatoire
Une fois dans la pièce où l’on se fait tout prélever, le photographe policier laissa entendre au collègue accompagnateur qu’il avait fini la centaine de prélèvements ADN. J’aurai du être la dernière pour cette histoire.
Je signais ensuite le PV d’audition et sortais libre à 18h45.
Le lendemain 16 octobre, Hortefeux signait les décrêts pour deux nouveaux fichiers.
Au bon souvenir de Julien Coupat
Retour en arrière : au bout d’une heure d’interrogatoire, la policière me proposa plusieurs fois de boire (de l’eau). Je refusais en pensant ne pas laisser de traces sur le bord d’un verre.
Ensuite, l’on me proposa de fumer dans la pièce et je dus rappeler moi-même l’interdiction de cet acte dans un lieu public. Je voyais les policiers ramasser avec précaution le mégot écrasé dans un cendrier policier.
Etrange interrogatoire parallèle
Tandis que la policière me bombardait de questions auxquelles elle avait déjà toutes les réponses, un des trois policiers présents dans le bureau, se tenait assis, face à moi et me regardait de manière sympathique comme s’il approuvait l’expression de mes sentiments sur Sarkozy, Hortefeux et compagnie.
Et de temps en temps, entre deux questions de sa collègue, il me demandait bizarrement : « quelle taille faites-vous ? », puis la couleur de mes cheveux, ensuite la couleur de mes yeux, ce qui le poussa à regarder de près s’ils étaient marron clair ou marron foncé, enfin si j’avais des cicatrices.
A ce moment, je le vois quitter son siège et rejoindre l’un de ses collègues attablé devant un autre ordinateur.
Il m’accompagna pour la photo et les empreintes et me ramena au bureau où tandis que je relisais mes propos sur le PV de l’audition, il me re-questionna sur ma taille et la présence de cicatrices tandis qu’il retournait à nouveau devant l’un des ordinateurs.
Pas vraiment l’ADN, plutôt PASP ou EASP
Du faux motif d’un courrier de menaces envoyé à plus de 100km de chez moi, en passant par le relevé ADN, les informations que j’ai transmises sur mon physique, sont des informations qui sont relevables pour les nouveaux fichiers de Hortefeux, signés le lendemain de mon audition : Prévention des Atteintes à la Sécurité Publique (PASP) et Enquêtes Administratives liées à la Sécurité Publique (EASP)
[http://bugbrother.blog.lemonde.fr/2…]
Extrait du blog :
Les informations contenues dans le fichier “Prévention des atteintes à la sécurité publique” sont encore bien plus intrusives :
1° Motif de l’enregistrement ;
2° Informations ayant trait à l’état civil, à la nationalité et à la profession, adresses physiques, numéros de téléphone et adresses électroniques ; [j’ai refusé donner mon numéro de portable ; par contre mon mail, oui, pensant que de toute manière il était trop facile de l’obtenir]
3° Signes physiques particuliers et objectifs, photographies ;
4° Titres d’identité ;[m’ont demandé si j’avais un surnom]
5° Immatriculation des véhicules ;
6° Informations patrimoniales ;
7° Activités publiques, comportement et déplacements ; [j’ai du expliquer en quoi consistait mon travail sur Calais]
8° Agissements susceptibles de recevoir une qualification pénale ;[j’ai du raconter que je m’étais fait condamner pour outrages]
9° Personnes entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec l’intéressé.
Conclusion
Il semblerait que la police ait coincé le corbeau, une femme de Tourcoing, proche des milieux d’extrême-droite, ce jeudi 22 octobre. Elle aurait été confondue par ses empreintes digitales.
Donc, pourquoi m’avoir imposé tout ce cinéma sur des courriers qu’il m’était impossible physiquement de les avoir postés aux dates et endroit indiqué ?
pour obtenir des précisions sur la liste des interpellés du 23 mai, liste filée aux fascistes de Lille par la police ?
pour me réprimer personnellement comme si j’étais devenue une grande combattante ?
pour pouvoir ensuite entrer dans le fichier PASP toute personne en relation avec moi ?
Je ne crois pas avoir l’importance qu’on m’attribuerait pour figurer sans motif dans un fichier de cette nature. Rien de tout cela n’est logique si je suis la seule à avoir été auditionnée dans ce contexte où rien ne pouvait laisser supposer que je sois une coupable.
Je ne suis pas réputée pour être ultra violente, ni envoyer des courriers anonymes à Sarkozy ou à quiconque, le sous-préfet Gavory pourrait l’attester.
Quoiqu’il en soit, les balles ne se mettent pas dans une enveloppe et si je connaissais des ultras violents, à mon avis, Besson ne poserait pas les pieds à Calais.
zetkin
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