Limoges : une petite ville tranquille ?

Publié: 12 août 2012 par luttennord dans Infos
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Limoges : une petite ville tranquille ?

C’est sous ce cliché stéréotypé qu’une présidente du tribunal de grande instance de Limoges condamnait deux militants antifascistes locaux à un mois de prison avec sursis et à verser des dommages et intérêts à la « victime », le 12 juillet 2012, pour avoir donné une claque à un homme arborant des symboles nazis sur son tee-shirt (wolfsangel et totenkopf), qui s’est révélé par la suite être policier…

Considérant qu’il n’y avait pas de« vrais nazis » à Limoges et que nous étions « en temps de paix », la juge a refusé de tenir compte des circonstances très particulières de l’altercation et a aggravé les réquisitions du procureur.

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Une semaine plus tard, les auteurs de l’agression à caractère éminemment politique ayant eu lieu au bar le Duc Etienne le 1eravril 2012 comparaissaient à leur tour. Sur les quatre agresseurs, deux sont passés en jugement, dont le secrétaire départemental du Front National, un avait écopé dès la date des faits d’un rappel à la loi, le dernier s’en était tiré avec quelques heures passées en cellule de dégrisement. Aucune des circonstances aggravantes de l’agression n’a été retenue (tentative d’homicide, préméditation, réunion, alcoolémie…) par le parquet dans l’instruction des différentes plaintes déposées.

Le verdict ne sera rendu que le 20 septembre, le parquet a requis 4 mois de prison avec sursis contre les deux suspects quand leur avocat réclamait la relaxe… Par ailleurs, aucun membre des « forces de l’ordre », pourtant violentés devant des témoins lors de l’interpellation des agresseurs le jour des faits, n’a porté plainte…

Alors, Limoges, « petite ville tranquille » ou justice à deux vitesses ? Les évènements survenus lors du week end des 28 et 29 juillet 2012 pourraient donner tort à la présidente du tribunal de grande instance de Limoges ! 

 

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En effet, à cette date, un « weekend trident » organisé par « Troisième Voie », groupuscule néo-nazi se revendiquant du nationalisme révolutionnaire, a eu lieu à Auchel dans le Nord-Pas-de-Calais. Les organisateurs avaient prévu diverses activités : matchs de football au  stade municipal où certains joueurs portaient des masques d’Hitler ; concert de « Lemovice » (groupe néo-nazi venu de Limoges dont les
concerts ont déjà été interdits plusieurs fois), stages de « Self Défense »…

Au cours de ce weekend, ont été constatés de nombreux débordements : violences (y compris contre des journalistes), insultes, dégâts matériels, exhibitions de symboles et de tatouages ouvertement nazis, pressions sur les autorités et la population locales.
Bien que les participant-e-s et organisateurs-trices aient tenté de minimiser l’aspect politique de ce rassemblement (voulant faire croire à un « enterrement de vie de garçon »…), ils n’ont convaincu ni la
presse, ni la population, ni les antifascistes. A la suite de ce weekend, le maire d’Auchel aurait réclamé la fermeture du local de l’Artésienne, association activiste nationaliste, installé récemment dans sa commune sous le nom de « Maison de l’Artois ».

Pendant que les néonazis rassemblés à Auchel arboraient des drapeaux tricolores avec des autocollants « Stop à l’islamisation », d’autres nazillons locaux taguaient sur des mosquées, des restaurants kebab, des associations et les murs de plusieurs villes de province (Limoges, Le Palais-sur-Vienne, Montauban…) des runes d’Odal, des têtes de cochon et le sigle NRF.

La rune d’Odal est un symbole scandinave repris d’abord par les jeunesses hitlériennes puis par les néonazis européens. Les têtes de cochon (taguées ou clouées sur la porte avec leur sang déversé) sont clairement une provocation envers la communauté musulmane, en pleine période de Ramadan et dans la montée des « mouvements anti-hallal », xénophobes et islamophobes (sous-couvert de leur interprétation de la laïcité).

Le sigle NRF peut correspondre à deux choses. D’une part, il peut s’agir de « National Revolutionary Faction », parti fasciste réactivé au Royaume-Uni dans les années 1990 mais actuellement dissous. Cependant, et plus probablement, il doit s’agir de « Nationalistes Révolutionnaires Français », courant idéologique dont seule se revendique l’organisation « Troisième Voie ». Là encore, bien étrange coïncidence quand on sait que ce groupuscule est à l’origine du week-end d’Auchel…

Suite à ces tags, différentes plaintes ont été déposées et des enquêtes ouvertes. A Limoges, cela a conduit à l’arrestation et au placement en garde-à-vue d’un individu connu pour ses liens avec l’extrême-droite radicale locale. Quelques heures plus tard, il était libéré sur ordre du juge d’instruction tandis que
l’enquête suivait son cours…

Alors, Limoges, « petite ville tranquille » ou lieu d’une tentative d’implantation néonazie ? S’il ne faut pas sous-estimer la portée de leurs actes, visant à stigmatiser des communautés (cette fois les musulmans et les roms, mais demain…), il ne faut pas non plus leur attribuer plus d’importance et d’impact qu’ils
n’en ont. Les valeurs qui doivent leur être opposées sont celles de la solidarité, du respect des différences de chacun, de la vigilance antifasciste et de la justice sociale.

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